GCO NON MERCI : 20 ans d’histoire et ce n’est pas fini !

GCO NON MERCI fête ses 20 ans et ce n’est pas fini !

C’est l’histoire d’un collectif qui a vu le jour en 2003. Il est l’émergence d’un groupe composé d’habitants, d’agriculteurs, de militants et d’élus locaux, tous rassemblés pour défendre l’intérêt général face à la relance d’un projet auto-routier à l’ouest de Strasbourg entamé à la fin du siècle dernier.

Le grand contournement ouest, le GCO devenu l’autoroute A355, est un projet né au siècle dernier. On fait référence à lui pour la première fois dans un document officiel en 1973. Après plus d’une décennie à dormir dans un carton, il est ressorti dans les années 1990.

Le premier fait d’armes de GCO NON MERCI se déroule en marge de l’enquête publique de 2006 sur la Demande d’utilité publique (DUP). Il obtient une étude indépendante financée par l’État sur les déplacements vers et autour de Strasbourg. Le rapport TDK démontre l’inutilité d’un contournement et préconise plutôt des mesures alternatives. Ce rapport ne changera pas l’histoire. Toutefois, il demeure un document essentiel pour les opposants car il renforce leur opinion : les autorités publiques ont la possibilité de faire autrement. Pour autant, la commission d’enquête publique rendra un avis favorable assorti de quatre réserves sur le bruit, la pollution, la vitesse admise et la réalisation et ce, malgré une participation massive de la population locale s’exprimant contre le projet. La DUP sera signée au début de l’année 2008.

« L’abandon et puis… tel un Phoenix, il faut se remobiliser ! »

Après un abandon quasi-total du projet en 2012, le collectif espérait pouvoir tourner la page. Mais, c’était sans compter sur ses défenseurs, à la tête duquel on retrouve la CCI Alsace. Un travail de lobbying payant qui débouche sur une nouvelle étude : le rapport du CGEDD rendu public fin 2013 relance le projet.
Le collectif doit alors se remobiliser. Il y aura les cabanes anti-GCO à partir de 2014, puis les premières confrontations sur le terrain dès 2016, des marches, des occupations de rond-point, des rassemblements périodiques devant la préfecture ou la CCI, plusieurs manifestations à Strasbourg, une ZAD et même une grève de la faim. Rien n’y fera. En 2018, l’État passe en force et impose la construction du contournement. Une compagnie de garde mobile sera même maintenue durant plusieurs mois après l’évacuation de la ZAD de Kolbsheim (1) afin de protéger les travaux.

Tout au long de son existante, GCO NON MERCI n’a jamais été une opposition pour le plaisir de s’opposer. Au contraire, il a été une force d’action sur le terrain administratif comme sur la question du grand Hamster d’Alsace et puis, force de propositions : les 10 solutions pour faire sauter les bouchons est un livret coconstruit qu’il a publié en janvier 2016. Mis à jour en 2018, il reste un document toujours d’actualité.

« Une page se tourne, mais le livre de la lutte reste ouverte ! »

Si aujourd’hui, le GCO est en service depuis décembre 2021il n’en reste pas moins une autoroute concédée illégitime. Même si la justice administrative a légalisé le projet dans son arrêté rendu en février 2023 tout en reconnaissant l’action des opposants à qui elle avait donné raison en 2021 sans pour autant stopper les travaux qui étaient quasiment terminés l’autoroute de Vinci est illégitime, notamment parce qu’elle fait l’objet de 10 avis négatifs d’organismes d’État et qu’une partie des réserves émises par les commissaires enquêteurs lors de l’enquête publique de 2006 sur la DUP n’ont jamais été levées.


Le 22 octobre 2023, à l’occasion des 20 ans de GCO NON MERCI, une plaque rappel les raisons de cette plantation.  © 2023 GCO NON MERCI

Le passif est riche, mais il y a aussi un présent et un futur.

Pour le collectif, l’A355 de contournement ouest de Strasbourg reste une mauvaise solution à de vrais problèmes qui perdurent : saturation des axes routiers vers et autour de Strasbourg, pollution et bruit. Pire, l’autoroute de Vinci a engendré de nouvelles gênes pour les résidents proches, ce que le GCO NON MERCI avait prédit Aussi, pour toutes ces raisons, la lutte n’est pas terminée.

Et puis quand il n’y en a plus, il y en a encore : le présent, c’est notamment le projet de liaison entre le GCO et l’aéroport international de Strasbourg à Entzheim.

La Liaison intermodale Duppigheim – Entzheim.

Initialement appelée « liaison GCO-Entzheim », la collectivité européenne d’Alsace (CEA) a modifié son nom pour enlever le mot « GCO » qui continue de susciter la controverse. Ainsi, le département veut inscrire la « liaison intermodale Duppigheim – Entzheim » sur le plan triennal 2024-2026. Comme le contournement de Strasbourg, ce projet date du siècle dernier.

Initialement prévu sur 8 km, le projet a été revu à plu-sieurs reprises. Il fait aujourd’hui 3 km et doit impac-ter 17 hectares d’espaces naturels et agricoles. Outre les aspects environnementaux, deux inquiétudes majeures :

  • l’enclavement de la commune de Duppigheim.
    Aujourd’hui, le village est fortement impacté par le GCO à l’Ouest avec en plus l’aire de service, l’A35 au Sud et l’aéroport d’Entzheim à l’Est. Si cette liaison venait à être réalisée, elle fermerait le Nord.
  • l’autre inquiétude et non des moindres, c’est ce que le projet ne dit pas : en plus des 17 ha, le projet routier va entraîner l’artificialisation de plus de 100 ha de terres avec l’extension de la zone d’activités des châteaux à Hangenbieten (25 ha), la création du Parc d’activités nord aéroport (PANA) à Holtzheim (18 ha), le développement de la zone aéroportuaire avec l’extension du Skyparc (6 ha) et l’Aéroparc (50 ha) à Entzheim.

Pour Julien Haegy, le maire de Duppigheim, membre de GCO NON MERCI, enclaver sa commune n’est pas acceptable, d’autant que l’objectif de cette nouvelle infrastructure n’a rien de « multimodale » (2) (3) (4) . Elle ne sert qu’à des intérêts économiques alors même que l’aéroport d’Entzheim et les zones d’activités environnantes ont déjà un accès depuis l’A35.
Localement, elle s’ajoute à la dizaine de projets routiers portés par le Département. Ce qui amène à l’autre raison de poursuivre la lutte : la Déroute des Routes.

Milité pour des mobilités choisies et un moratoire sur les projets routiers :
une continuité dans la lutte !

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des pouvoirs publics qui restent arc-boutée sur une idéologie où le tout-routier domineS’ils font le constat de la dépendance à la voiture en milieu rural, ils ne manifestent aucune volonté de la réduire. Ils estiment que la seule solution par défaut pour améliorer la qualité de vie de leurs concitoyens est de construire davantage de routes pour améliorer les conditions de circulation. Ici, la question des moyens à mettre en œuvre pour réduire le trafic routier ne se pose quasiment jamais. Même si ces politiques se défendent à dire qu’ils travaillent à développer le vélo ou les transports en commun, la réalité sur le terrain est toujours à plus de routes. L’Alsace ne fait pas exception.

Questionné lors de la séance plénière du 20 octobre dernier à la Collectivité européenne d’Alsace par le groupe d’opposition (Alsace écologiste, citoyenne et solidaire), son président Frédéric Bierry a répondu « aucun » à la demande écrite dont la question était : « dans le cadre de la planification écologique, quels projets routiers destructeurs allez-vous abandonner? ». Remettre en question l’idée du tout-routier n’est en définitive, « pas à l’ordre du jour. »

<< extrait vidéo de la séance plénière

extrait vidéo de la réponse du conseiller d’Alsace Damien Frémont, porteur de la question pour son groupe :

A VOIR ICI

« pas à l’ordre du jour. »

Ce n’est pas une réponse acceptable !

La dizaine de projets en Alsace s’ajoute aux projets d’infrastructure routière en cours ou en gestation en France. Ils sont près d’une centaine identifiés par la coalition nationale La Déroute des routes, dont GCO NON MERCI est engagé depuis sa création (5)
La revendication principale de la coalition est la mise en pause de tous ces projets dans l’attente de leur réexamen au regard des stratégies fixées par l’État (6), mais aussi, face aux enjeux climatiques, écologiques et sanitaires auxquels nous faisons face.

L’actualité médiatique autour du projet de l’A69 entre Castres et Toulouse, est la face visible du décalage entre les propos d’intention sans actes dont la planification écologique annoncée est un exemple et la réalité du terrain. Cinq ans après avoir imposé le GCO en Alsace, que de similitudes dramatiques : l’État joue un bis repetita avec l’A69.

Aujourd’hui, même si le GCO est en service, l’une des raisons d’être du collectif, à savoir : défendre les mobilités douces et durables, reste une préoccupation d’actualité. La multiplication des projets routiers en est une autre. Aussi, agir avec la coalition nationale est une continuité dans la lutte tant sur le plan local que sur le plan national.

GCO NON MERCI a 20 ans et ce n’est pas fini !


« Toujours là et c’est pas fini ! »  © 2023 GCO NON MERCI

  1. 10 septembre 2018
  2. https://www.bfmtv.com/alsace/replay-emissions/alsace-week-end/duppigheim-un-projet-de-route-fait-debat_VN-202310210371.html
  3. https://c.dna.fr/economie/2023/10/20/la-liaison-duppigheim-entzheim-toujours-dans-les-tuyaux
  4. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=pfbid0gKzHVds4scLDH83r71JDm3yksvwUwW5dhvLvTcFuG5WYXxfsNTRiGrpGdPQCFG85l&id=100067683527933
  5. Il y a une centaine de projets routiers en France en 2023. Ils pèsent près de 20 milliards d’euros d’argent public auquel s’ajoute près de 6 milliards d’argent privé – https://gcononmerci.org/revue-de-presse/les-projets-dautoroute-larbre-qui-cache-la-foret/
  6. l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN) d’ici à 2050 et la Stratégie Nationale Bas Carbone.


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables