Artificialisation des sols : une loi climat en échec !

L’artificialisation des sols est une thématique qui nous concerne directement au regard de l’impact de la future autoroute A355 à l’ouest de Strasbourg, entre le Kochersberg et le Ried de la Bruche, portée par ARCOS/Vinci et imposé par l’État en septembre 2018.

La Convention citoyenne pour le climat créé en octobre 2019, a suscité de la curiosité à ses débuts puis rapidement, les 150 membres tirés au hasard se sont mis au travail, pour se révéler être prolifique. En juin 2020, 149 propositions ambitieuses ont été révélées au grand public. Le président Emmanuel Macron en retiendra 146.
Après un long parcours perturbé par la crise sanitaire du Covid-19, la loi « climat et résilience » a été présentée le 10 février 2021 en Conseil des ministres. Censé mettre la France sur le bon chemin pour réduire le réchauffement climatique, ce texte est loin de reprendre le travail de la Convention citoyenne : une majorité des 146 mesures ont été reprises partiellement et 28 ont été écartées.

Les aménageurs du territoire ont encore de beaux jours devant eux !

Parmi les propositions, celles pour lutter contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain en rendant attractive la vie dans les villes et les villages, telle qu’établis par la Convention citoyenne, nous concernent directement, car elle nous renvoie dans l’un des aspects de notre combat contre le GCO.

Même si nous n’avons pas réussi à empêcher le démarrage des travaux (septembre 2018), la problématique de l’artificialisation des sols et l’étalement urbain reste un sujet de préoccupation, d’autant qu’avec la future entrée en service de l’A355, on sait déjà que d’autres projets annexes, directs ou indirects, menacent la périphérie de Strasbourg et plus généralement, l’ensemble de la plaine d’Alsace : projet d’entrepôts géants d’e-commerce du type Amazon, l’installation du géant chinois Huawei à Brumath, le complexe hôtelier d’Europa Park dans le Ried Rhénan en centre Alsace ou encore, la liaison GCO-Entzheim qui menace d’enclaver les habitants de Duppigheim.

Les aménageurs du territoire ont encore de beaux jours devant eux au détriment des terres agricoles et espaces naturels, par manque de courage politique.

La loi « climat et résilience » issu du travail de la Convention citoyenne pour le climat est en deçà des espoirs que l’on aurait pu attendre d’un gouvernement qui prétend agir face aux enjeux climatiques.

À l’heure où se clôturent les débats en commission à l’Assemblée Nationale, plusieurs organisations dont Terre de Liens, les Amis de la Terre, la Confédération Paysanne et Notre Affaire à tous, dénoncent « une coquille vide sur le front de la lutte contre l’artificialisation des sols, responsable de la disparition des terres agricoles et de l’effondrement de la biodiversité. Dérogations laissées ouvertes pour les surfaces commerciales inférieures à 10 000 m2, laisser-aller sur le développement des plateformes logistiques, notamment de e-commerce, absence de fiscalité contraignante : aucun des sujets clés permettant un recul net de l’artificialisation des terres agricoles n’est inscrit dans le projet de Loi. » – lire l’intégralité du communiqué ici.

GCO non merci se joint à ce triste constat.

L’artificialisation des sols est particulièrement préoccupante en Alsace

En Alsace, avec le GCO, qui rappelons-le a été imposé par l’Etat contre toute logique environnementale, nous constatons le décalage entre les discours d’intentions des dirigeants politiques au pouvoir et la réalité des priorités laissées à la main de multinationales tel que Vinci.

Pour mémoire :

Ainsi, l’artificialisation des sols est particulièrement préoccupante dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, au regard de l’impact qu’elle entraine sur les zones humides représentantes 1,3% du territoire bas-rhinois et moins de 1% du territoire haut-rhinois. L’Alsace bétonne toujours plus.

Selon le dernier relevé établi en 2012, pour la période entre 2000 et 2012, plus de 7 300 ha de zones naturelles ou de champs ont été artificialisés dans notre région. C’est quasiment la surface de Strasbourg. Et ce sont les terres agricoles qui ont été mises le plus à contribution avec plus de 6 700 ha de cultures qui ont disparu – Journal l’Alsace du 22 août 2018
Il faudra attendre le nouveau relevé de 2021 pour connaître la nouvelle tendance qui tiendra compte de l’impact des 300 ha pris par le GCO.

infographie l’Alsace / Laurent Rigaux