ZAN, artificialisation : l’Alsace bétonne toujours plus !

Alors que Frédéric Bierry a estimé que l’ensemble des projets routiers portés par le Département était utile et qu’il n’y avait donc pas de raison de les revoir dans le cadre de la planification écologique annoncée par le gouvernement en septembre, que la ZAN (zéro artificialisation nette) fait toujours des remous chez les élus locaux, l’Alsace est l’une des régions de France qui bétonne le plus.

La pièce de théâtre pourrait s’appeler « La ZiZANie ». Depuis presque un an et demi, les maires et le gouvernement se disputent sur la scène politique sur la ZAN, désignant la « zéro artificialisation nette » des sols. Toutes les opérations qui consistent à « transformer un sol naturel, agricole ou forestier par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale afin de les affecter notamment à des fonctions urbaines ou de transport » font en effet l’objet d’une réglementation stricte depuis la promulgation de la loi « Climat et Résilience » en août 2021 – introduit le journal La tribune dans son article Zéro artificialisation nette des sols : la créativité sans limite des maires pour financer le ZAN

Sondage géotechnique dans le cadre de travaux préparatoires quelque part en France — Crédits : Tellux

… ou comment chercher à plomber la mesure qui ne passe pas chez un grand nombre d’élu locaux. L’Alsace, une fois encore, n’échappe pas à la tendance, à commencer par son président, Frédéric Bierry, qui juge utile tous ses projets routiers.

Définition artificialisation : « altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage » (source : loi Climat & Résilience)

L’Alsace bétonne encore et encore

L’Alsace bétonne, en 12 ans elle a perdu 6 700 ha
de terres agricoles au profit de l’urbanisation,

LE BULLETIN DES COMMUNES, 8 MARS 2023

Les conséquences écologiques de la perte de terres agricoles en Alsace sont nombreuses. La perte de terres agricoles ou d’espaces naturels peut entraîner une perte de biodiversité, une diminution des habitats pour les espèces sauvages (cf. tel qu’a entrainé la construction du GCO : 350 ha) et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (cf. 32 % des émissions de GES sont attribués aux transports dont la voiture y contribue pour les deux tiers).

Face à ce constat, le gouvernement a lancé en juillet 2018 son plan Biodiversité, renforcé par la loi Climat et Résilience dans lequel l’objectif « Zéro artificialisation nette » est en ligne de mire. L’Alsace n’échappe pas au diagnostic, selon les chiffres du réseau Cigal (La Coopération pour l’Information Géographique en Alsace), devenu Geo Grand Est avec la fusion des régions.

L’Alsace a bétonné l’équivalent de Strasbourg !

L’habitat naturel du Grand Hamster d’Alsace est dévasté par les travaux du GCO — @2019

Dans le Bas-Rhin, entre 2010 et 2022, dernier millésime disponible, plus de 4 600 ha de zones naturelles ou agricoles ont été artificialisés. 13 % du département est urbanisés, selon la plaquette ZAN consultable ici, faisant du département le plus artificialisé du Grand Est.

L’artificialisation des sols représente 7 300 ha dans notre région.

Le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires du Grand Est, le SRADDET, ne fait pas l’impasse sur cet enjeu. Parmi ses 30 objectifs, le n° 29 prévoit de « réduire la consommation du foncier naturel et agricole », mais sans chiffres, ni délais. Dans ce cas, en 2030, la consommation foncière devra avoir baissé de moitié par rapport à la tendance actuelle. Là aussi, les moyens pour y parvenir restent flous, si ce n’est de « consommer l’espace plus intelligemment » grâce à un « nouveau modèle de vie sur les territoires ».

Dans le Bas-Rhin, l’Etat est capable de faire le constat dans le cadre de la ZAN, à l’exemple de cette plaquette éditée en novembre 2022 (et déjà évoquée quelques lignes avant), mais la majorité départementale est incapable de remettre en question la globalité de ses projets d’aménagement comme la dizaine de projets routiers que la CeA porte. Une absence de cohérence sur le terrain local et, surtout, un manque de volonté de traiter la question dans sa globalité, alors que les conséquences sont interdépendante. Et c’est en ça l’un des constats que l’on peut extrapoler sur l’ensemble du territoire français : cloisonner pour brouiller les pistes. Ils prétendent agir pour la lutte contre le changement climatique tout en ne faisant rien car les actions bénéfiques sont annulées par celles qu’ils ne souhaitent pas réexaminer.

L’Alsace bétonne pour « maintenir » son développement

« L’objectif final, c’est de continuer à se développer », une fausse excuse au regard du nombre de zones d’activité dans la région qui sont sous-utilisées. A se demander : « à qui profite le profit ? ». Alsace Nature pointe aussi du doigt les projets routiers, contournement de Châtenois et GCO en tête. Ce que GCO NON MERCI fait également dans le cadre de La Déroute des Routes. À l’heure des choix, « il faut accepter de faire des mécontents » prévenait Daniel Reininger en 2018, aujourd’hui ancien président de l’association et reprise dans cet article du Journal L’Alsace « L’Alsace bétonne toujours plus ».

« Cependant — explique Thierry Dulac dans L’Alsace bétonne encore et encoreil reste possible d’associer les enjeux économiques et environnementaux sans toucher à l’écologie en mettant en place des politiques et des pratiques qui encouragent une utilisation durable des ressources naturelles et une gestion responsable des terres agricoles. Cela peut inclure des mesures telles que la promotion de l’agriculture durable, la protection des habitats naturels et la réduction des émissions de gaz à effet de serre ». On aimerait y croire.

La réalité géopolitique en Alsace est loin d’avoir prit la mesure des enjeux environnementaux. C’est inquiétant. Il y a un manque de courage politique à mettre en place des politiques et des pratiques qui encouragent une utilisation durable des ressources naturelles et une gestion responsable des terres agricoles. Ils vous prétendront agir. « Des actes et non des mots » a dit La Déroute des Routes en réaction aux propos du ministre délégué aux transports, au lendemain des annonces sur la planification écologique.

Notre rôle d’alerte reste pleinement d’actualité.

Artificialisation des sols et bétonisation[]

Nous en savons quelque chose avec le GCO, imposé en 2018. En 2022, malgré une lenteur juridique, la justice administrative n’a pas dit son dernier mot… lire la suite

– REVUE DE PRESSE –


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
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