De la Déroute des Routes en passant par la Rocade Ouest de Colmar

La coalition La Déroute des Routes est née en janvier 2022. Elle regroupe une cinquantaine de collectifs opposés à des projets d’infrastructure routière en France. Le journal Libération y consacre un article sorti le 7 avril et à lire ici. L’article évoque le projet d’A69 entre Castres et Toulouse (La Voie Est Libre) ou encore celui de liaison A133-A134 du coté de Rouen.

En France, la coalition a identifié plus 70 projets d’infrastructure routière. On y retrouve notamment le projet de contournement ouest de Colmar. Un concertation a eu lieu en mars. Le projet a été dénoncé récemment par Europe Ecologie-Les Verts Alsace et des militant·es locaux dans un communiqué (voir capture Twitter plus bas).

Stopper la logique du tout-routier

Ces projets représentent plus de 18 milliards (Mds) d’euros d’argent public. Plus 23 milliards, si vous ajoutez à cela la part prise par les concessionnaires routiers. Ça fait beaucoup, beaucoup d’argent orienté vers le tout-routier. La responsabilité de l’État face à la crise climatique ne serait-elle pas d’en modifier la logique pour financer les mobilités alternatives telles que le train ou le vélo ? Car les 100 Mds € d’ici 2040 pour le transport ferroviaire annoncé par le gouvernement le 24 février dernier sont un leurre financier. Cela représente 5,8 Mds € par an sur 17 ans, sans une remise en cause véritable des projets routiers en cours. Ce sont des mots, juste des mots.

« On ne veut plus d’autres GCO en France »

Le « en même temps » prôné autour du grenelle des mobilités signé février 2018 a été duperies. La Région Grand Est, le Département et l’Eurométropole de Strasbourg, à l’époque, ont fait le mauvais choix. Ils ont fait allégeance à Vinci, le concessionnaire du GCO. Ils ont scellé le deal entre l’État et le promoteur du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes abandonné en janvier de la même année. Ils ont fait croire aux Strasbourgeois et usagers de la M35 qu’une nouvelle route était « LA » solution en complément de mesures alternatives (train ou vélo).

« Un exemple qui fait mal à l’Alsace ! »

Aujourd’hui, un an après l’ouverture du contournement de Strasbourg, on y voit le résultat dramatique : à peine 3 % de baisse du trafic routier sur la M35 dans l’Eurométropole (la portion de l’A35 traversant le territoire strasbourgeois). Le collectif portait un projet sans GCO au travers des 10 solutions pour faire sauter les bouchons. Il n’a pas été écouté. Le GCO est un exemple qui fait mal à l’Alsace !

La Déroute des routes veut la mise ne place d’un moratoire sur les projets d’infrastructure routière. Pour l’heure, le gouvernement est sourd à cette idée. Il préfère le cas par cas :

Pas de moratoire généraliséMais une « méthode consistant à réinterroger systématiquement, au cas par cas, chaque projet d’extension du réseau routier national, en lien avec les collectivités concernées », dit-on au ministère chargé des Transports. Le tout en fonction de « la pertinence du projet : impacts environnementaux au sens large (climat, artificialisation…), solutions de désenclavement, décongestion du trafic, etc. ». Et avec « une approche pragmatique : les projets en voie d’achèvement seront menés à leur terme ».

Autoroutes : une cinquantaine de collectifs en lutte contre des « projets destructeurs » pour l’environnement – par Coralie Schaub, journaliste, vendredi 7 avril 2023

Le non-sens de la Rocade Ouest à Colmar

La frilosité du gouvernement fait les affaires des prometteurs du béton et goudron. Les projets routiers continuent en France à l’exemple de la Rocade Ouest de Colmar.

En Alsace, les écologistes dénoncent le non-sens du Département :

« Ce projet de la CEA est en contradiction totale avec les accords de Paris visant à contenir le réchauffement climatique ainsi qu’avec le plan climat air-énergie-territorial (PCAET) de Colmar agglomération. »

communiqué de EELV Alsace le 30 mars 2023

La rocade Ouest de Colmar représente un coût estimatif du projet à 49 millions d’euros. La majeure partie sera prise en charge par la Cea, le reste par la Région Grand Est à hauteur de 10 M€, Colmar Agglo pour 6,6 M€ et l’État pour 3 M€. Cette infrastructure est-elle nécessaire ? Ses promoteurs vous diront évidemment « oui ». Mais en réalité ? Face aux enjeux climatiques, les décideurs politiques n’auraient-ils pas intérêt à investir prioritairement l’argent public dans les mobilités alternatives à la route ?

« Il faut changer de logiciel »

La Collectivité européenne d’Alsace n’est pas unique. La plupart des départements français ont une vision de l’aménagement du territoire ancré au XXe siècle. Ils font peser à la collectivité des orientations budgétaires qui représentent plus du tiers des investissements au profit du tout-routier. Pour la Déroute des routes, il faut changer de logiciel. Les mobilités alternatives doivent prendre le pas sur la logique du tout-routier. C’est ce que nous avons toujours prôné au sein de notre collectif avec notamment notre livret.

« Sortie de Route » – Acte 5 des Soulèvements de la Terre

De son côté, ailleurs en France, Les soulèvements de la terre vient en renfort sur des luttes locales comment celle de l’A69 (Castres-Toulouse) ou la liaison A133-A134 du côté de Rouen.

Dans leur saison 5 d’actions, l’association encourage la création de comité locaux Les Soulèvements et axe sa communication :

« Car, contre la création de route (ici aussi), contre la destruction des montagnes ou contre l’industrie du béton (pour ne citer que les prochains actes) ces combats méritent tous des mobilisations aussi grandes que les méga-bassines. »

« Pour des actes et des saisons puissantes » – Les Soulèvements de la Terre


Aux côtés de La Voie Est Libre, RDV les 22 et 33 avril prochain entre Castres et Toulouse : « SORTIE DE ROUTE POUR L’A69 »







Aux côtés Non à l’autoroute A133-A134, RDV les 6, 7 et 8 mai du côté de Rouen pour « DES BATONS DANS LES ROUTES : L’APPEL DE LA FORET FACE AU BITUME »


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables