Regard d’outre-Rhin sur l’ouverture du GCO

Le journal allemand Eurojournalist retrace l’histoire du projet de contournement Ouest de Strasbourg en quelques lignes jusqu’à l’inauguration officielle du samedi 11 décembre 2021. Le journal évoque également le Bienwald, au nord de l’Alsace, à la frontière entre France et Allemagne, du côté de Lauterbourg et aussi l’autoroute A5 où Vinci a pris le contrôle sur une portion entre Malsch – Offenburg.

L’article d’origine étant en langue allemande, nous vous proposons une traduction :

A Strasbourg, le Premier ministre Castex a inauguré samedi le Grand contournement Ouest (GCO) de la ville. Mais malgré tout le « greenwashing » de l’opérateur Vinci, ce projet reste un « écocide ».

La nouvelle rocade ouest de la ville de Strasbourg, qui est officiellement destinée à réduire le trafic sur l’autoroute urbaine de Strasbourg, est non seulement la deuxième autoroute la plus chère de France (calculée au kilomètre), mais surtout un procédé assez insensé « l’écocide » qui touche le piémont vosgien a causé des dommages irréparables. L’inauguration par le Premier ministre Jean Castex a été boycottée par les responsables de la ville et de l’Eurométropole de Strasbourg.

Samedi, il y avait beaucoup de policiers dans les bois du Kochersberg par ailleurs paisible. Le chemin vers le lieu de l’inauguration était également une seule marche de la police et de l’armée. Apparemment, on craignait à Paris que ce projet, rejeté par de nombreux Strasbourgeois, mais surtout par les riverains des paysages naturels détruits du Kochersberg (où le GCO a coupé une mauvaise bande dans les contreforts des Vosges), aux protestations militantes. Mais ils ne se sont pas matérialisés. Tout comme les dignitaires de la ville, qui ont déclaré à l’unisson qu’ils avaient toujours été contre ce projet et ne voyaient donc aucune raison d’assister au vernissage.

infographie DNA

Le projet de Contournement de Strasbourg remonte aux années 1970, une époque où des choses comme la protection de l’environnement ou du climat n’existaient pratiquement pas dans la perception des gens. Après des décennies de rapports, de contre-rapports et de procès, le préfet Marx de l’époque a accordé (illégalement) à l’opérateur Vinci l’autorisation de commencer à défricher la forêt près de Kolbsheim, créant ainsi des faits immuables. Mais la proximité surprenante de ce préfet avec l’entreprise Vinci ne semblait gêner personne, et les autorisations de chantiers inutiles mais très coûteux de Vinci traversaient les différents services dans lesquels le préfet Marx était actif. Vinci gagnait beaucoup d’argent là où Marx était en fonction et dans la dignité. Un coquin qui pense mal…

Mais il est facile de comprendre que les dirigeants de la ville de Strasbourg n’avaient aucune envie de participer à cette cérémonie d’inauguration avec une société fermée. Car ce que le Premier ministre Castex a célébré là-bas, c’est la prise de contrôle de tout le trafic nord-sud européen sur la route par Vinci. Car de l’autre côté du Rhin, la société « Via Solutions Südwest » a obtenu une licence de 99 ans pour le tronçon Malsch – Offenburg sur l’autoroute A5. Et 54 % de « Via Solutions Südwest » appartient à nul autre que Vinci.

En créant ce « goulot d’étranglement » du réseau autoroutier européen près de Strasbourg, Vinci contrôle désormais tout le trafic entre le nord et le sud de l’Europe et, surtout, l’entreprise perçoit de l’argent des deux côtés et peut même contrôler de quel côté du Rhin le trafic est en ajustant les prix se concentre. Le fait que la politique européenne des transports soit ainsi placée entre les mains d’une entreprise privée est la déclaration de faillite de la politique vis-à-vis des intérêts économiques privés. Seuls le Premier ministre Jean Castex et l’ancien préfet Marx savent quoi célébrer.

Le GCO sera ouvert à la circulation le 17 décembre, et dans le même temps la vitesse sur l’autoroute urbaine existante sera limitée à 70 km/h. Mais croire que les camions d’Europe de l’Est ou des États baltes ne basculeront pas sur d’autres itinéraires que le coûteux GCO en raison de cette limitation de vitesse est naïf.

Et cette coupe à blanc dans les contreforts des Vosges ne suffit toujours pas. Une ligne d’approvisionnement du nord de l’Alsace est également en projet, où il existe encore un tronçon de route fédérale perturbateur entre l’autoroute A65 près de Kandel et l’autoroute du côté français, qui traverse la réserve naturelle de Bienwald dans le sud du Palatinat. Afin d’accélérer le trafic des camions, une route à travers le Bienwald doit également être construite et il est incroyable que rien ne puisse être opposé aux intérêts financiers d’un grand groupe financier français.

Les dégâts écologiques que Vinci cause à l’Alsace seront durables. Il ne sert à rien que Vinci essaie par tous les moyens de se présenter comme un défenseur de la protection de l’environnement – cette entreprise ravage des régions entières pour gagner de l’argent.

Autant la ville verte de Strasbourg et la direction de l’Eurométropole sont actuellement critiquées, autant leur boycott de ce jubilé embarrassant, où une fois de plus la haute politique et les intérêts économiques du secteur privé s’associent, a tout à fait raison. Ceux qui détruisent irrévocablement la belle Alsace pour les générations actuelles et futures en tireront certainement beaucoup d’argent, mais cela ne les rend pas meilleurs. Jean Castex aurait préféré quitter Strasbourg à la cérémonie du souvenir des victimes de l’attentat du 11 décembre 2018, au lieu de montrer de manière aussi ostentatoire que ce gouvernement est avant tout dans l’intérêt des grandes entreprises. Mais au moins les Français pourront-ils dire dans les urnes en 2022 ce qu’ils pensent de cette politique.

– source Dicke Luft um die GCO

Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables