Quand l’autoroute fait pousser des arbres : la bonne blague !

Avec l’ouverture du GCO, le 17 décembre dernier, Vinci tente de verdir son image en mettant en avant tous les travaux mis en oeuvre et ceux à venir pour répondre aux enjeux écologiques « tendance » d’une nouvelle génération d’autoroutes basse carbone. C’est comme quand la direction de tel ou tel aéroport, à l’exemple de celui de Nice, vante la naissance d’un aéroport zéro carbone. En réalité, ça n’existe pas. Quand ils prétendent ça, il oublie de dire qu’ils ont enlevé des calculs les nuisances du trafic aérien correspondant à l’aéroport. Pour les autoroutes, c’est le même principe, ils oublient d’inclure les nuisances du trafic routier.

Vinci Autoroutes ment ou du moins ne dit pas toute la vérité !

nature et des paysages a renforcé les obligations des concessionnaires en matière de compensations écologiques.

À première vue, cela paraît contre-intuitif. Pourtant, si les sociétés d’autoroutes détruisent des paysages, et notamment des bois, elles participent bien à l’expansion de la forêt en France. En effet la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a renforcé les obligations des concessionnaires en matière de compensations écologiques: pour les espaces boisés, chaque hectare affecté doit être remplacé par une surface au moins deux fois plus importante dans un périmètre proche. Ainsi Vinci autoroutes, propriétaire de 15.000 hectares de surfaces bitumées dans toute la France, possède également 30.000 hectares de bois et d’espaces végétalisés.

Le dernier exemple en date de ce processus de compensation concerne le contournement ouest de Strasbourg (COS), la nouvelle A355. Il s’agit d’une section de 24 kilomètres qui permet de délester le trafic de l’autoroute existante. Elle a été inaugurée le 17 décembre dernier et porte sur 280 hectares d’espaces naturels…

Ici, on parle des mesures de compensations. L’article du Figaro « Quand l’autoroute fait pousser des arbres » évoque le changement de la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a renforcé les obligations des concessionnaires en matière de compensations écologiques. Pour ce faire, le journaliste prend pour exemple l’A355 de contournement ouest de Strasbourg et met en avant les informations que Vinci lui présente. Sauf que ces informations ne sont pas exactes.

Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, Vinci communique sur son propre compte (@VINCI_fr) ou Vinci Autoroutes (@VINCIAutoroutes) ou COS A355 (@A355_COS), à l’exemple de ces deux publications ci-dessous dont l’une où nous avons réagi.

Vinci Autoroutes ment ou du moins ne dit pas toute la vérité parce que l’entreprise met en avant les mesures qu’elle présente comme « extraordinaire » en oubliant d’évoquer qu’elles sont jugées insuffisantes par plusieurs collèges d’experts. À la limite, nous pouvons comprendre l’entreprise qui préfère montrer une face vertueuse par rapport à ses obligations. Elle est dans son rôle. En revanche, nous sommes plus critiques avec les médias qui servent la soupe à Vinci en mettant en avant un aspect du dossier, sans parler des zones d’ombre.

Des compensations toujours jugées insuffisantes

Les 8e et 9e avis défavorable sont tout récents puisque concessionnaire ARCOS a obligation de représenter un dossier sur les mesures compensatoires de son autoroute à péage, obligation qui fait suite à l’ordonnance du tribunal administratif de Strasbourg rendue publique le 20 juillet 2021, donnant 10 mois à l’État et à Vinci pour apporter des informations complémentaires pour justifier la signature de l’Autorisation environnementale délivrée par la préfecture le 31 août 2018. Ainsi, Vinci doit refaire un dossier et l’État, organiser une nouvelle enquête publique loi sur l’eau, d’une autoroute ouverte le 17 décembre dernier.

Vous comprendrez peut-être la bizarrerie dans laquelle nous sommes.

Le 23 novembre dernier, le CNPN a délivré un nouvel avis défavorable sur le 2e dossier des mesures de compensation, le 4e si on ajoute les deux existants sur le dossier VINCI et celui sur le dossier SANEF (nœud autoroutier A4-A35-A355). Dans cet avis, le conseil pointe une nouvelle fois les insuffisances sur les mesures proposées par ARCOS et s’est étonné de n’avoir aucune présentation des mesures déjà mises en œuvre. Le 27 janvier, c’est au tour de l’Autorité environnementale d’étriller Vinci sur le dossier.

Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
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