La Déroute : voies à contresens

La folie routière touche l’ensemble de notre territoire. On le sait que trop bien ici en Alsace. Avec la coalition nationale La Déroute des routes, nous défendons un moratoire pour stopper cette folie. Pour autant, la bataille est loin d’être gagnée.
Il y a la satisfaction récente de l’arrêt des travaux du contournement de Châtenois 12 mai 2023ou celle contre la déviation de la RD154 par le bois de Verneuil dans les Yvelines 11 mai 2023. Mais ces décisions ne remettent pas en cause les projets. Elles octroient un sursis sans que l’on sache pour l’heure quelle sera l’issue.

Dans la revue de presse repérée par La Déroute des Routes, trois exemples :

Le projet de 2×2 voies entre Avranches et Granville : un non sens

En Normandie, le projet de 2×2 voies entre Avranches et Granville est un non-sens. Aujourd’hui dans l’impasse, il n’en reste pas moins une menace parce que la CCI Ouest Normandie travaille à contourner les obstacles. Ça ne nous rappelle rien . Le forcing de CCI Alsace en 2011 ou 2013 à vendre le GCO coûte que coûte. Les mensonges de son président Jean-Luc Heimburger. Il aurait vendu père et mère pour « sa » route. Ici, les enjeux climatiques face à quelques euros de plus, ils ont choisi.

Ils ont choisi, mais ont-t-ils raison ?

Parmi les opposants on retrouve l’Association Manche-Nature, affilié à France Nature Environnement comme Alsace Nature. Défendre la nature contre des « assassins » – oui, il faut oser des mots forts – une raison d’être que ces associations aimeraient ne pas avoir. Les porteurs de projets routiers ne peuvent plus ignorer les conséquences face aux enjeux climatiques, écologiques et sociaux. La logique du tout-routier doit cesser. Construire de nouvelles routes et où les élargir, sont des solutions de facilité qui n’ont plus lieu d’être.

Dans le cas du projet entre Avranches et Granville, comme souvent ailleurs, des solutions alternatives existent. L’une d’elles serait de (re)dynamiser la liaison ferroviaire entre les deux villes.

Véritable serpent de mer dans le Sud-Manche depuis plus d’une trentaine d’années, l’éventuelle 2×2 voies entre Avranches et Granville semble dans l’impasse. Trop lourd financièrement et dépassé face aux impératifs écologiques, le projet continue pourtant d’être porté par de nombreux politiques locaux ainsi que par une puissante association sous perfusion de la CCI Ouest Normandie.

Moins spectaculaire que les contestations des projets routiers entre Castres et Toulouse ou la liaison autoroutière A133 – A 134 à l’est de Rouen, l’axe en projet a pourtant gagné sa place au sein du collectif La Déroute des Routes et sur la carte des luttes contre les grands projets inutile… »

extrait

L’inutilité publique du projet A154-A120

Identifié parmi les projets autoroutiers en cours, l’inutilité publique du projet de l’A154-A120 en Eure-et-Loir ne fait aucun doute. Cactus a publié le 15 mai une contribution qui analyse les propos du ministre des Transports Clément Beaune sur l’opportunité de maintenir ce type de projet au regard des enjeux climatiques actuels et futurs. Des propos qui font écho à d’autres au lendemain du week-end de mobilisation contre le projet de l’A69 dans le Tarn qui ont amené une tribune parue sur Reporterre ici.

Un article (ci-dessous) replace les enjeux face au projet dans son contexte actuel post Printemps des routes dans la saison 5 des soulèvements de la terre.

A l’heure ou le ministère des transports semble peser le pour et le contre de la poursuite de projets autoroutiers tous nés au XXème siècle, il semble plus que jamais nécessaire et vital de faire connaître les aspects les plus nébuleux du dossier A154–A120.

Seule la publication complète des doléances de toutes les communes impactées permettrait d’évaluer pleinement les conséquences directes et indirectes de la construction de cette autoroute, son réel impact environnemental et économique. Cela permettra d’intégrer notamment : les nouvelles demandes de déviations ou contournement routiers, les rétablissements de voies et travaux sur les itinéraires de substitution, le développement de PAE ou de nouvelles ZAC. L’addition exposerait clairement l’inutilité publique de ce projet !

Grégoire BAILLEUX
Association Saint-Prest/Gasville-Oisème Environnement
Mairie de Gasville-Oisème-Adjoint à l’Environnement.

Doit-on se résigner ? La réponse est non !

Ce contexte renvoie à la nécessité du moratoire pour stopper cette logique tout-routière qui prévaut en France et nous portons collectivement. L’importance également d’écouter et respecter la parole citoyenne trop souvent bafouée. Un état de fait mise en perspective dans l’excellent livre « Inutilité publique » de Frédéric Graber.
Doit-on se résigner ? La réponse est non ! L’importance de l’engagement citoyen reste un rempart face à la logique mortifère qui pourrait être pire… Et puis, il y a aussi des petits miracles comme ici contre le contournement des Milles. Suite à un vote citoyen, la Ville d’Aix demande la fin du projet. Ca n’est pas encore la fin du projet, mais l’engagement citoyen peut être entendu et respecté comme le fait la ville d’Aix et c’est important de le souligner.

C’est non ! La Ville d’Aix-en-Provence a organisé du 10 au 13 mai un vote “pour ou contre la création d’une voie nouvelle aux Milles. Le “non” l’a emporté samedi 13 mai parmi les habitants inscrits sur les listes électorales du quartier avec un score de 70,06% et un taux de participation de 22,87%, soit 1 099 votants.

MARSACTU

La folie routière touche l’ensemble de notre territoire. Les conflits sont nombreux. La déroute est loin d’être gagnée et pourtant, une évidence : ils n’auront pas notre résignation !


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables