Et si l’A31 disparaissait à Thionville? Le coup du boulevard urbain à Strasbourg

À Thionville, le maire espère un déclassement de l’A31 grâce au projet de l’A31bis. Une tromperie pour faire accepter le projet comme ce fut le cas avec l’A35 à Strasbourg.

Tour de passe-passe sur le projet de l’A31bis.

Le premier était de morceler le projet pour le rendre « plus acceptable » section par section. Aussi et surtout pour morceler les obstacles et diviser les oppositions. Le projet s’étend sur plus de 100 km.

Le second non exhaustif c’est d’utiliser ce morcellement pour passer les obstacles les uns après les autres en limitant le risque de voir l’un d’entre eux compromettre l’objectif final : la réalisation complète du projet. Pour ça, les aménageurs ont su s’adapter. Ils n’ont pas peur d’envisager plusieurs décennies pour arriver à leurs fins.

Autoroute A31 - Montigny-lès-Metz (France)

Faire disparaitre l’A31 à Thionville

Ici, nous sommes dans la section nord du projet de l’A31bis, au niveau de Thionville (voir le document de synthèse de la concertation qui s’est déroulée entre novembre 2022 et mars 2023). Pour les élus favorables au projet, l’autoroute urbain actuelle (A31) génèrent des nuisances. Comme l’A35 strasbourgeoise, elles sont réelles : saturation du trafic et pollution. C’est le problème. Comment le faire disparaitre ?

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C’est le collectif A31 bis: non au Contournement Ouest de Thionville qui l’explique avec ironie au détour de visions typiquement « technocrates » de résoudre « des problèmes ». « Y’a qu’à décréter que ce n’est plus une autoroute ». Ça parait surréaliste, mais « c’est magique quand on a le pouvoir! ». Sur le forme, ça ne change rien. « Aucun changement sur le terrain et les nuisances resteraient aussi présentes qu’avant, mais on peut bien dire ce qu’on veut », enfonce le collectif qui prend l’exemple de l’A7 à Lyon devenue la M7 avec le transfert de compétence des routes à la métropole lyonnaise.

Le coup du « boulevard urbain » à Strasbourg pour faire accepter l’idée du GCO.

La réaction du collectif à Thionville, repris par La Déroute sur son Facebook, fait suite à l’article paru dans RTL INFOS « Et si l’A31 disparaissait à Thionville? ». Le maire espère le déclassement de l’A31 qui traverse sa ville grâce à son contournement prévu avec l’A31bis.

Pendant que le ministère des Transports étudie les conclusions du préfet de la Moselle sur le récent débat, Pierre Cuny voit plus loin. Son idée: faire disparaître l’A31 à Thionville pour la transformer en une simple « rocade ». Un « déclassement » qui permettrait d’y réduire la vitesse ou de limiter la circulation des véhicules et poids lourds, par exemple. Ce qui laisserait pour seule et véritable autoroute le nouveau tronçon A31bis payant, créé entre l’A30 et l’échangeur de Bétange

Extrait « Et si l’A31 disparaissait à Thionville » | RTL INFOS 20/05/2023

Le coup du boulevard urbain qui a fait basculer Roland Ries dans le camp des pros GCO en 2014

À Strasbourg, c’est aussi comme ça que l’ancien maire Roland Ries a retourné sa veste en 2014. Il s’est laissé convaincre qu’en acceptant l’idée du GCO, c’était l’occasion de faire disparaitre la portion de l’autoroute A35 qui traverse la capitale alsacienne. La M35 est devenue un boulevard urbain avec l’ouverture de l’A355 de contournement ouest de Strasbourg en décembre 2021. Sous prétexte de sécurité routière et de santé publique (diminution de la limite de vitesse et interdiction du trafic poids lourds de transit), elle n’en reste pas moins une autoroute avec ses nuisances. On connaît malheureusement la suite. Une baisse d’à peine 3 % de son trafic après l’ouverture du GCO et aucune conséquence positive sur la pollution. Pire, son déclassement offre également des opportunités économiques qu’ils se gardent de mettre en avant. Au cœur de ces opportunités : des possibilités de planification urbaine que la législation empêche tant que la route demeure une « autoroute ».

Sortir de la logique du tout-routier

A Thionville, comme partout sur notre territoire, bon nombre de décideurs politiques ont une logique des déplacements uniquement orienté par le prisme de la route lorsqu’il s’agit de résoudre une problématique liée au trafic routier. Pierre Cuny, son maire, n’y échappe pas.

« Les gens pourront prendre cette rocade mais il faudra des contraintes qui allongent le trajet pour ceux venant de Metz et Nancy. Peut-être en mettant des feux rouges, en cassant la vitesse à cet endroit » pour les rediriger vers le nouveau tronçon. Avec l’objectif de « diviser par deux le nombre de voitures qui traversent le pont de Beauregard » espère Pierre Cuny. Car si toutes les variantes de l’A31bis promettent une réduction du trafic à cet endroit, le projet est indispensable: d’ici 2030, l’A31 existante sera saturée, notamment à Thionville.

Pierre Cuny, maire de Thionville | RTL INFOS 20/05/2023

L’élu s’imagine résoudre les nuisances dans la traversée de son agglomération par le biais d’une nouvelle route. A aucun moment, il se dit qu’utiliser l’intermodalité des réseaux existant pourrait être la solution pour réduire les nuisances qu’entraine l’A31.

Avec La Déroute des Routes nous avons une autre approche des mobilités. Face aux enjeux climatiques et écologiques, nous prônons d’abord de stopper cette folie routière : notre moratoire. Ainsi, nous demandons un réexamen des projets en cours (tous les projets). Nous excluons le cas par cas que défend le gouvernement pour l’heure. Notre objectif est de s’assurer qu’ils respectent les objectifs que la France s’est elle-même engagée (stratégie nationale bas carbone et à l’objectif zéro artificialisation nette en 2050).


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables