GCO : Et la qualité de l’air dans tout ça ?

Alors que l’enquête publique complémentaire sur le GCO touche à sa fin (samedi 16 avril à 12h00), focus sur la qualité de l’air, l’autre aspect du projet mis en avant par les défenseurs de l’autoroute alors que la réalité est loin d’être une amélioration significative.

Sur la qualité de l’air (points 24 et 25)

Point 24 : l’effet global du GCO sur l’amélioration de la qualité de l’air est quasi nul mais le GCO contribue à dégrader la qualité de l’air sur des secteurs jusque-là relativement épargnés

Dépassement des valeurs guides OMS 2021 :

Sur la question de la pollution de l’air, en premier lieu, nous constatons que selon les propres chiffres fournis par Vinci, l’effet global du GCO sur l’amélioration de la qualité de l’air est quasi nul, en revanche, celui-ci va augmenter la surface du territoire soumise à ces pollutions diffuses en l’important dans des secteurs qui étaient jusque-là relativement épargnés.

Ainsi, le rapport indique :

  • une augmentation générale de certains polluants et particulièrement les PM10 et PM 2.5 : page 34 « la mise en service du GCO conduira à une augmentation des émissions polluantes directement liées aux volumes de trafic (métaux lourds et particules PM10 et PM2.5) »
  • un report de la pollution : à savoir une amélioration de la qualité de l’air aux abords de la M35 mais une dégradation aux abords de l’A355, de la N4 et de la N353 (page 35 à 44) pour tous les polluants : NO2, SO2, CO, Benzène, PM 10 et PM 2.5.
  • Une exposition de la population quasi identique au-delà des valeurs limites réglementaires en nombre d’habitants aux différents polluants avec ou sans GCO de même que la superficie potentiellement exposée en km2 (page 46).

Ainsi, le GCO, d’une part, ne permet donc pas de réduire la pollution générale et l’exposition de la population et, d’autre part, le dépassement des valeurs guides OMS 2021 se poursuivra pour les PM2.5, PM10 et NO2.

Avant le GCO, une étude indépendante confirme le dépassement des valeurs guides de l’OMS 2021 dans des villages proches de l’A35

Ainsi, une étude indépendante réalisée, du 20/10/2021 au 04/11/2021, à la demande de plusieurs communes (Duppigheim, Kolbsheim, Duttlenheim, Ernoslheim Sur Bruche) montre qu’il y avait déjà une pollution de l’air importante induite par l’A35 (M35) jusque dans les villages situés le long du GCO avant la mise en service de celui-ci. En effet, les valeurs guides de qualité de l’air recommandées par l’OMS 2021 pour la protection de la santé humaine sont presque systématiquement dépassées. Pour l’instant, aucune donnée ne montre quelle sera l’aggravation réelle de la qualité de l’air après la mise en service du GCO. Cette pollution concerne tout particulièrement les quelque 2 000 salariés de la zone d’activité de la Bruche qui, d’après cette étude, sont actuellement impactés par l’A35, et qui le seront encore plus fortement par le GCO se situant à moins de 200 m de ce secteur. La même chose vaut pour les collégiens (de Duttlenheim) qui sont désormais à moins de 600 m du GCO.

Des oublis majeurs dans l’étude présentée : certains polluants (PM1.0 et nano particules) et l’aire de service du GCO

Les PM 1.0 et nano particules non prises en compte dans l’étude :

Les particules les plus problématiques (PM 1.0 et nanoparticules) ne sont pas prises en compte alors que leur effet sur la santé est de plus en plus documenté.
Ainsi, dans la conclusion de la page 48 de l’étude, il est indiqué : « …les autres polluants ainsi que les particules issues de l’usure des pneus et de la route pâtissent de l’hypothèse d’une augmentation globale du trafic routier sur la zone d’étude. »

Par ailleurs, les circulations des flux de polluants sont complexes.
Par conséquent, l’objectif en matière d’amélioration de la qualité de l’air n’est donc pas atteint.

Absence de prise en compte de l’aire de service de Duttlenheim

En outre, le bruit et la pollution générés par l’aire de service du GCO située sur le ban communal de Duttlenheim ne sont pas mentionnés. Pourtant, il s’agit d’une zone de 7 hectares proche des habitations, jouxtant immédiatement les bâtiments de la zone industrielle et comprenant 60 places pour les poids lourds, 3 pour les bus, 130 pour les voitures et 4 pour les caravanes et camping.
Cette aire ouverte à tout le monde génèrera donc un trafic important de véhicules qui n’a pas été pris en compte dans l’étude d’impact initial ni dans le complément présenté.

L’étude ainsi présentée n’est pas complète car elle ne tient pas compte des spécificités de cette infrastructure génératrice d’un très important trafic étranger et se déportant même pour venir.

Détérioration de la qualité de l’air

Point 25 : l’analyse d’impact du projet sur la santé confirme la détérioration de la qualité de l’air le long du GCO et dans les cœurs des villages traversés par le GCO et que le GCO contribuera à aggraver la pollution de fond pour tout le secteur concerné.

D’après les modélisations réalisées par ATMO Grand Est et figurant dans cette nouvelle étude, il ressort que teneurs de NO2, PM10 et PM2.5 dépasseront toujours les nouvelles valeurs guide de l’OMS sur l’ensemble du territoire (10 µg/m3 pour le NO2, 15 µg/m3 pour les PM10 et 5 µg/m3 pour les PM2.5).
Ces dépassements sont constatés pour une part très importante en lien avec les concentrations de fond résultant de l’ensemble des émissions de l’agglomération strasbourgeoise (page 53).
Mais la mise en œuvre du GCO aggravera les teneurs de fond déjà supérieures aux valeurs guides de l’OMS 2021 en attirant de nouveaux véhicules.

Point 25 (toujours) : La présentation des résultats, peu lisibles, est discutable car elle conduit à sous représenter le risque pour les communes directement traversées par le GCO qui connaitront une hausse des PM10 et PM2.5.

En outre, la méthodologie de présentation des résultats des modélisations présentées dans l’étude des ratios de danger et des concentrations de polluants à horizon 2040, avec ou sans GCO, est contestable et la présentation des résultats est biaisée.

En effet, l’étude a considéré plusieurs groupes de « récepteurs » (= capteurs) de polluants :

  • – A35 – centre
  • – Centre ville
  • – GCO
  • – Rocade sud
  • – VLIO
  • – A4 – traversée
  • – D1083- traversé.

Ces récepteurs ont été répartis sur les 33 communes de l’Eurométropole et uniquement 12 communes à l’ouest de la métropole soit 45 communes.
Pourtant, le groupe de récepteurs intitulé « centre ville » qui mesure l’impact sur tous les cœurs de village ne comprend que 38 communes dont 27 communes de l’Eurométropole dont certaines villes sont très éloignées du GCO (3 points de mesure à Strasbourg, Illkirch, Plobsheim…).
Les résultats de concentration de polluants en 2019 et en 2040 pour ce groupe conduit donc à une surreprésentation des communes de l’Eurométropole moins impactées car moins proche du GCO.
C’est pourquoi, pour être objectif et afin de déterminer l’impact du GCO sur les populations les plus proches du GCO, il aurait fallu distinguer d’un côté les 22 communes traversées par le GCO (dont certaines font partie de l’Eurométropole) et de l’autre côté, les autres communes de l’Eurométropole (plus éloignées du GCO)

De fait, les résultats présentés aboutissent à une moyenne entre des valeurs plus basses (communes éloignées comme Strasbourg) et des valeurs plus hautes (communes proches du GCO) qui ne sont pas représentatifs de l’impact sur les communes désormais traversées par le GCO.

L’étude ne permet donc pas de déterminer finement les conséquences du GCO sur les populations les plus proches de cette nouvelle route.

Enfin, l’annexe 3 de la page 59, qui indique les concentrations modélisées par commune, manque de précisions et ne permet pas de savoir s’il s’agit de moyennes et de quel capteur il s’agit (« centre ville » et / ou « le long du GCO » ? ).
En outre, il serait utile de donner précisément le lieu des capteurs, d’indiquer les résultats complets de la campagne de mesure de 2019 et d’indiquer les dates des futures campagnes de mesure.

De même, les cartes sont trop imprécises et difficilement exploitables pour les communes qui seront impactées par le GCO. Il conviendrait de transmettre des cartes des modélisations de polluants et de risques à une échelle plus fines pour pouvoir être utilement exploitées.

En conclusion, d’après l’étude proposée le GCO entrainera une hausse des PM 10, PM 2.5 le long du GCO et dans les cœurs des villages traversées par le GCO (confère les résultats de l’annexe 3 pour les communes traversées). Des cartes plus précises permettraient également de mieux tenir compte de l’impact du GCO sur l’urbanisation future des villages concernés.

Source : Atmo France, 2020

EN CONCLUSION :

Peut-on décemment considérer que l’aggravation de la pollution et donc des risques pour la santé publique pour des milliers de personnes constituent des raisons impératives d’intérêt public majeur ?

Sur la remarque de l’autorité environnementale qui constate que la baisse de la pollution restera modeste, le concessionnaire se contente de dire que, seul, le GCO ne peut permettre d’atteindre l’objectif de diminution de la pollution de l’air ! Cette réponse ne peut être satisfaisante !

Ceci d’autant moins que si un report de trafic de la M35 sur le GCO rend l’autoroute historique plus fluide, de nombreux automobilistes seront tentés de revenir sur l’A35 si celle redevient « attractive ». Nous avons eu le témoignage de quelques personnes qui avaient pris l’habitude de prendre le train + le vélo pour aller travailler à Strasbourg et qui étaient tentées de reprendre la voiture certains jours si la circulation était plus fluide.

Concernant la qualité de l’air, un autre point nous semble fondamental, et il est soulevé par l’Autorité environnementale : celui de la production de gaz à effet de serre générés par le GCO et les mesures prévues par le concessionnaire pour assurer la compatibilité du projet avec les engagements de la France et avec le Plan Climat Air Energie Territorial ( PCAET) de l’Eurométropole de Strasbourg. Les réponses de Vinci se contentent de présenter des modélisations sans aucun engagement concernant les points soulevés. Par ailleurs, quelles ont été les productions de gaz à effet de serre liées à la réalisation du GCO (béton, ferraille, carburant des machines…) ? Ces émissions ont-elles été « compensées », où, comment ?

Et la qualité de l’air dans tout ça ? – par Julien Haegy, maire de Duppigheim, membre de notre collectif.


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables