Strasbourg : le faux-semblant du trafic routier | GCO vs M35

Le débat public aborde fréquemment la question du trafic routier et de ses conséquences.
A Strasbourg, depuis la mise en service du contournement ouest, les autorités se plaisent à communiquer sur une fluidité retrouvée de la M35. La réalité sur le terrain n’est pas aussi idyllique.

En début d’année 2024, Vinci Autoroutes s’est félicitée de voir les chiffres d’exploitation de son autoroute A355 augmenter. La presse locale titrait : « Moins de pollution grâce au GCO mais autant de voitures«  / Rue89 Strasbourg ; « Strasbourg. GCO : le trafic en hausse de 16 %«  / DNA.
La réalité : même si le trafic semble plus fluide en apparence selon les données qu’avancent les autorités, la réalité se résume dans le titre du journal La Tribune du 12 janvier dernier : « A Strasbourg, le contournement autoroutier gagne 20% de fréquentation mais la ville reste saturée« .
Concrètement, même si les chiffres d’exploitation de l’A355 sont considérés comme une « bonne nouvelle » pour son exploitant, le trafic routier sur la M35 et autour de Strasbourg ne s’est pas amélioré pour autant : la baise sur la M35 est d’à peine 2,7 %, tandis que le trafic cumulé des autoroutes M35 et A355 a bondi de 8,5 % [1] [2] [3].

Dans le courrier des lecteurs des DNA du 2 juin 2024, un lecteur fait le constat :

Le calvaire des bouchons sur la M35 Nord.

« Le GCO de Strasbourg a été mis en place dans la douleur.
Aujourd’hui, le tarif de 6 euros n’incite pas à l’utiliser. De très rares voitures quittent les
longues files de bouchon le matin pour l’emprunter.
Venant du nord pour travailler au sud de Strasbourg, je ne peux pas me permettre cette dépense journalière prohibitive.
[…]
J’emprunte cette section d’autoroute depuis 35 ans. Je n’al jamais vu des bouchons aussi long. Quel est le sens de faire perdre 40 minutes tous les jours à des milliers de personnes qui se rendent au travail ? Quel sens y a-t-il à dégrader les conditions de circulation lorsqu’elles pourraient être optimales ? Qui est en charge de ce fiasco ? »

JOSEPH VIKTOR, INGWILLER / COURRIER DES LECTEURS · DNA 2 JUIN 2024

Dans son constat, monsieur Viktor pointe également la voie de gauche réservée au bus et au covoiturage qui, combinée à une limitation à 70 km/h, durant les heures de pointe en semaine, « énerve tous les matins », selon lui, avec des bouchons allant jusqu’à Brumath.
Ce constat, nous ne le partageons pas. Il est symptomatique d’une culture de la bagnole. Monsieur Viktor est victime d’une pensée inconsciente selon laquelle la voiture est le moyen de déplacement individuel par excellence, développé au fil des décennies avec l’avènement de l’automobile accessible à tous, et donc, face à une situation qui énerve, remettre en question son mode de déplacement n’est pas une évidence. En réalité, l’abaissement de la limitation de vitesse à 70 km/h a permis d’augmenter la fluidité du trafic, ce qui a eu pour conséquence de contribuer à réduire, sans pour autant la faire baisser significativement, la pollution de l’air liée au trafic (il vaut mieux un peu que pas du tout). Là où la voie de gauche réservée au bus et au covoiturage est pointée du doigt comme une conséquence des bouchons, les usagers manquent en réalité de repères pour assimiler un autre regard sur leur propre mobilité.

Naturellement, une fois de plus, il est crucial de souligner que défendre une mobilité choisie et non subite ne permet pas de trouver une solution pour tout le monde. Pour autant, en transférant une partie des usagers de la route vers d’autres modes de déplacement, qu’ils soient total ou partiel, sur des déplacements domicile-travail, réduit de facto les nuisances que génèrent le trafic routier tel qu’il est aujourd’hui.


Un panneau indiquant « Voie réservée » indique une voie réservée au covoiturage, aux taxis et aux bus à proximité de Strasbourg. © 2023 ⋌Photo : Philipp von Ditfurth (dpa)

Moins d’accident… Vraiment ? !!

Vinci nous avait promis une A35 plus apaisée : il y aurait moins d’accidents grâce au GCO. Un internaute, sur le groupe Facebook ANTI-GCO, dresse un aperçu de ces derniers jours en se basant sur les infos routes d’Info Trafic Bas-Rhin :

Une aperçue des derniers jours (Info Trafic Bas-Rhin):

2/10

14h25 | Accident | M35, sens Paris > Strasbourg, après la bretelle de Schiltigheim,

9h29 Accident | A35 Nord, sens Strasbourg > Lauterbourg, au niveau de la sortie Drusenheim.

08h35 | Accident | A35, sens Strasbourg > Colmar, aptes la sortie Sélestat ZI Nord

1/10

08h37 | Divers | M35, sens Paris > Strasbourg, avant la sortie Bischheim, sous le pont de Souffelweyersheim. Voiture en panne

31/9

17h33 | Accident | M35, sens Strasbourg > Colmar, secteur Elsau.

15h14 | Accident | M35, sens Strasbourg > Colmar, à hauteur de la Prison de l’Elsau.

30/9

23h55 | Accident | M35, sens Strasbourg > Colmar, juste avant la pont de la sortie Illkirch Baggersee.

28/9

03h43 | Accident | A4, sens Strasbourg > Paris, à hauteur de l’échangeur avec l’A35 Nord direction Lauterbourg.

JO BU, LE 4 OCTOBRE 2024

TOUT ÇA POUR ÇA ? !!

Le constat de ces usagers de la M35, combiné à d’autres, montre une fois encore que le GCO, vendu par ses promoteurs pour désengorger l’axe strasbourgeois, n’a rien changé aux fonds sur les problématiques liées au trafic. La M35 reste saturé. S’il doit y avoir des améliorations, elles ne sont pas à mettre sur le compte du contournement proprement parlant. Bien sûr, nos détracteurs/trices prétendront le contraire. Une chose est sûre : même légalisé par la justice en février 2023, le GCO n’en reste pas moins illégitime.


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons, milite pour des mobilités douces et durables


— NOTE(S) —