Budget de l’Etat : Et si « on abandonnait les projets routiers contestés » ?

Le gouvernement cherche à faire des économies. On parle de 40 milliards d’euros de baisse des dépenses voulus par le premier ministre en 2025. La coalition La Déroute des routes sait où trouver de l’argent.


Les projets routiers en France pèsent plus de 18 milliards d’euros d’argent public.
Au lieu de priver les services publics qui « sont à bout », en plus d’aller chercher l’argent là où il est — « aux grandes entreprises et aux plus riches de passer à la caisse » [1] — la Déroute des Routes sait où trouver de l’argent. Pour cela, il suffit de renoncer aux projets d’infrastructure routière contestés [2].

Abandonner ces projets pour faire des économies dans le budget 2025, mais quelle idée ont-ils ? On pourrait se le demander. Sauf qu’ils pèsent plusieurs milliards d’euros d’argent public, et que leur utilité est contestée et contestable [3]. Notamment au regard des enjeux écologiques et de santé publique, qui coûtent eux aussi plusieurs milliards aux pouvoirs publics.

Le coût des projets routiers contestés

La coalition sait de quoi elle parle. Dans son article, elle fait référence à l’émission La Terre au carré du 7 octobre 2024 sur le coût des projets routiers contestés.

EXTRAIT DE L’EMISSION AVEC LA LAURIANE CHAULEZ DU QUOTIEN REPORTERRE.

Résumé de l’émission du 7 octobre de la Terre au carré :

Quels projets onéreux pèsent sur les finances de l’Etat ?

Après les jeux olympiques, une nouvelle idée d’économie pour Michel Barnier et pour le budget de l’Etat en plein déficit : les projets routiers contestés. Il y a l’A69 connu de tous, mais ce n’est pas le seul projet. Il y a des centaines de ponts, de contournements dans les cartons, des centaines de kilomètres de bitume qui pourraient bétonner nos campagnes.

Une idée du nombre de ces projets ?

En 2022, Reporterre avait compté 55 luttes de projets routiers contestés en France pour un budget de 18 milliards d’euros d’argent public. C’est quasiment l’équivalent du montant du choc fiscal annoncé par Michel Barnier. Au lieu de taxer revenus, entreprises, électricité, la suggestion est simple : abandonnez ces projets routiers contestés et épargnez à l’Etat des milliards d’euros de dépenses inutiles.

Est-ce déjà arrivé que l’Etat abandonne des projets routiers?

Oui, il y a des abandons récents : le mois dernier à Céret, la préfecture a arrêté la construction d’un nouveau viaduc, déjà 30 millions d’économie ; ensuite le 25 septembre dernier, abandon du BIP (boulevard intercommunal du Parisi) au nord de Paris, c’est 1 milliard d’économie encore ; enfin, le contournement de Rouen à 1,5 milliard d’euros est actuellement à l’arrêt car le Département de l’Eure et la mairie de Rouen refusent de le financer. Rien n’est inéluctable et il est possible d’abandonner ces projets routiers coûteux qui créent des embouteillages et ne tiennent pas leurs promesses de fluidisation du trafic. Les routes ne répondent pas à l’adage de fluidification car toutes les études montrent que les nouvelles routes créent de nouveaux embouteillages. Par exemple, le contournement ouest de Strasbourg inauguré en 2021 théoriquement construit pour décharger l’autoroute A35 aboutit à l’inverse : trois ans après son ouverture, il y a à la fois plus de voitures sur le contournement et tout autant sur l’autoroute. Agrandir les routes ne règle rien.

En résumé, les routes ne répondent pas à l’adage de fluidification car toutes les études montrent que les nouvelles routes créent du trafic induit [4]. L’A355 de contournement ouest de Strasbourg en est une illustration.
Dire qu’il n’est pas possible d’abandonner un projet est faux. Il y a des exemples : au Pays de Galles, au Canada et même en France. En actant l’abandon de ces projets routiers contestés, le Premier Ministre peut économiser des milliards d’euros d’argent public et éviter de bétonner nos paysages.

Faire des économies est possible : un moratoire et vite !

La Déroute des Routes sait de quoi elle parle. Faire des économies est possible. Il faut juste avoir du courage politique. Elle appelle à signer la pétition pour arrêter ces projets routiers contestés. Une demande qu’elle formule depuis 2022, année de sa création. Quant au moratoire, de quoi parle-t-il ? Son texte est ici. Vous pouvez également retrouver ici, nos articles sur la question.


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons, milite pour des mobilités douces et durables


— NOTE(S) —

  1. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a mis en garde, ce mercredi sur RTL, contre les 40 milliards d’euros de baisse des dépenses voulus par Michel Barnier en 2025 et leurs conséquences sur les services publics qui « sont à bout ». Elle recommande de faire porter ces économies sur les aides aux entreprises et de taxer les hauts revenus.
    Budget 2025 : « Aux grandes entreprises et aux plus riches de passer à la caisse » / note1 ↩︎
  2. Une idée d’économie pour le budget de l’Etat : ABANDONNONS les projets routiers contestés.
    / note2 ↩︎
  3. Analyse et réflexion critique de la politique globale des routes en France[]. / note3.1 ↩︎
    Réseau routier : le bout de la route ? / note3.2 ↩︎
  4. Le trafic induit c’est le volume de trafic supplémentaire généré par la création d’une nouvelle voie de circulation, quel que soit le mode de déplacement (automobile, camion, motocyclette, vélo, …). / note4 ↩︎

Photo chapô : © 2020 Photo Frédéric Maigrot / L’A.M.I.