Remettre les projets routiers en question est possible à l’exemple du Pays de Galles

Une infographie publiée sur Facebook le 13 juillet félicite le Pays de Galles sur son choix de mettre fin à toute nouvelle route sur son territoire.

« Le Pays de Galle interdit la construction de nouvelles routes sur l’ensemble de son territoire »

Sur la forme, saluer cette « interdiction » qui fait écho au vote difficile mais gagné, mercredi au Parlement européen, de la loi de restauration de la nature, nous parle.
Dans les faits, il y a quelques subtilités qui nous semblent importants de remettre en perspective.

Alors qu’avec La Déroute des Routes, nous bataillons pour faire adopter l’idée d’un « moratoire des routes » en France, la confirmation en février 2023 par le Pays de Galles de mettre geler tout nouveau projet de route sur son territoire (d’une décision prise en 2021 à la veille de la COP26), fait écho à notre volonté d’une remise à plat de l’ensemble des projets d’infrastructure routière en France. Nous en avions parlé sur notre site :

« Nous devons cesser de dépenser de l’argent pour des projets qui encouragent plus de gens à conduire, et en dépenser plus pour entretenir nos routes et investir dans de véritables alternatives. »

– C’était en juin 2021.

Lee Waters, vice-ministre gallois chargé du changement climatique.

Dans les faits, quelques subtilités :

En février 2023, le Pays de Galles a annoncé que sur la cinquantaine de projets en cours, 15 seront conservés dans leur forme originelle. Quant aux autres, ils seront révisés, voire annulés au regard des dispositifs législatifs stricts adoptés (émission carbone, impact environnemental, ne pas augmenter le nombre de véhicules en circulation etc.).
Est-ce la fin des routes ? Non. Le gouvernement gallois va continuer d’investir dans le réseau existant : « nous devrons toujours fournir des connexions pour soutenir le développement social et économique durable ». Mais ces investissements doivent « être cohérent avec la politique du gouvernement gallois de donner la priorité aux transports publics et aux déplacements actifs, ainsi que de soutenir la décarbonisation, le transfert modal et la améliorer la sécurité, en reconnaissant que les besoins varient selon les différentes régions du Pays de Galles. »
Il s’agit donc pour les Gallois, de « réduire » et « redéfinir » leurs investissements dans de nouveaux projets routiers et augmenter leurs investissements dans les modes durables pour favoriser le transfert modal qui « apportera également des avantages plus larges » : moins de pollution atmosphérique, des centres-villes et des quartiers plus prospères et un système de transport accessible et équitable pour tous.
Le gouvernement reconnaît qu’il s’agit d’un « changement important et difficile, qu’il ne se fera pas du jour au lendemain et qu’il nous oblige à travailler en collaboration, à l’échelle du gouvernement et au-delà ».

Face aux défis climatiques, remettre en question les projets d’infrastructure routière est possible.

Si le pays de Galles a été capable de geler ses projets d’infrastructure routière en cours, durant deux ans afin de les réexaminer et définir une nouvelle ligne politique dans ses ambitions modales pour le pays, la France peut aussi le faire. Il faut juste du courage politique… Ni plus, ni moins.


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