Alliance pour la décarbonation de la route : « Mais à quoi ça sert ? »

Connaissez-vous « l’Alliance pour la décarbonation de la route » ?
Une noble ambition ! Ca sonne bien, non ? Bon, en fait c’est un lobby de la route.
« Est-ce que ce monde est sérieux ? » (Cabrel) !! ! !! *

*ce n’est pas de nous, on l’a reprise de nos camarades du collectif Non à la jonction Est

Dans une publication sur X, nos camarades du collectif Non à la jonction Est (de Toulouse) ont repéré une publication d’Olivier Razemon, journaliste indépendant et analyste de l’actualité des transports dans plusieurs médias, dans laquelle il s’interrogeait sur l’utilité de la toute nouvelle Alliance pour la décarbonation de la route.

L’Alliance pour la décarbonation de la route, c’est quoi ?

Dans le prolongement de l’appel à accélérer la décarbonation du transport routier qu’ils avaient conjointement initié le 18 juin 2023, François Gemenne, co-auteur du rapport du GIEC, Patrice Geoffron, Professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine, et Géraud Guibert, Président de la Fabrique écologique, annoncent la création de l’Alliance pour la décarbonation de la route. Celle-ci réunit un large spectre d’acteurs des mobilités routières, publics comme privés : universitaires, collectivités territoriales, associations et entreprises (opérateurs de mobilités, gestionnaires d’infrastructures, constructeurs automobiles, transporteurs, groupes d’ingénierie, startups…).

Parmi les membres, on retrouve… Vinci Autoroute !

Les membres signataires de l’Alliance pour la décarbonation de la route : Association des Economistes de l’Energie, Avere-France, BMW Group France, ChargePoint, Nicolas DARAGON (Ville de Valence), Michaël DELAFOSSE (Montpellier Métropole), François DUROVRAY (Conseil départemental de l’Essonne), Ecov, Electra, Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR), Geodis, Getaround, GRDF, Karos, Keolis, Mobilité Club France, Powerdot, Systra, Transdev, VINCI Autoroutes.

Experts : André BROTO, Michel DERDEVET (Confrontations Europe), Anna CRETI (Dauphine PSL), Laurent CHAPELON (Université Paul-Valéry Montpellier 3), Mathieu FLONNEAU (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Paulo MOURA (IMREDD), Fabien LEURENT (ENPC), Géraud GUIBERT (La Fabrique Ecologique), Patrice GEOFFRON (Dauphine PSL), Jean-Pierre ORFEUIL.

Des lobbyistes pro-route à l’exemple des associations pro-nucléaire « Les Voix du Nucléaire » ou « AEPN ».

Mais à quoi ça sert ?

Hier, 12 mars, l’Alliance pour la décarbonation de la route convoquait une conférence de presse, trois mois après avoir fait part de sa constitution, en décembre 2023. Pour annoncer des décisions, le début de travaux, voire un petit, tout petit, engagement ? Non, rien de cela, juste « regardez, nous sommes sur la même photo ».
L’ancienne ministre Anne-Marie Idrac, en rouge, s’apprêtait à prendre la parole, mais ce monsieur s’est arrogé le micro, et a prononcé la formule magique « la-route-est-indispensable-aux-Français ». C’est le DG de BMW France.



Cette Alliance, qui rassemble 60 « acteurs », veut travailler par consensus, pour proposer « des solutions aussi peu idéologiques que possible », sans brusquer personne. Sauf que le débat sur la route a déjà lieu, ailleurs, loin des sièges sociaux des entreprises installées, sur les talus, les berges et ronds-points.
Dans le Pas-de-Calais, la réparation de la voirie due aux inondations de l’hiver va coûter 50 fois plus cher que d’habitude. En Ille-et-Vilaine, le département a converti une partie de ses services de voirie pour construire des pistes cyclables. Et partout en France, des collectifs s’opposent à la construction de nouveaux contournements, de rocades, d’autoroutes qui coûtent cher, écrasent la biodiversité et serviront surtout de corridors à zones commerciales.


Personne, nulle part, jamais, ne prétend qu’il faut détruire les routes existantes. En revanche, la question de savoir s’il faut continuer d’en construire est posée. Ce n’est pas en refusant le débat au nom des « solutions aussi peu idéologiques que possible » que ces acteurs vont apporter une quelconque réflexion.


Et sinon, après avoir simplement demandé si, compte tenu des circonstances, il faut continuer à construire des routes et des autoroutes, j’ai vu le PDG d’une entreprise du secteur s’avancer vers moi et me dire: « il faut arrêter de militer, Razemon ». Puis il m’a traité de beatnik -[1]. Ça m’a fait ma journée.

Olivier Razemon sur Linked’In

Oui, à quoi ça sert ? Tout est dit !

Cette Alliance veut travailler par consensus, pour proposer « des solutions aussi peu idéologiques que possible », sans brusquer personne, explique Olivier Razemon. Sauf que le débat sur la route a déjà lieu, ailleurs, loin des sièges sociaux des entreprises installées, sur les talus, les berges et ronds-points.
Partout en France, des collectifs s’opposent à la construction de nouveaux contournements, de rocades, d’autoroutes qui coûtent cher, écrasent la biodiversité et serviront surtout de corridors à zones commerciales. La coalition nationale La Déroute des Routes, par exemple, rassemble à elle seule, une soixantaine de collectifs.

Personne, nulle part, jamais, ne prétend qu’il faut détruire les routes existantes. En revanche, la question de savoir s’il faut continuer d’en construire est posée, explique M. Razemon. C’est ce que nous faisons localement, mais également avec la coalition à l’échelle nationale.
Ce n’est pas en refusant le débat au nom des « solutions aussi peu idéologiques que possible » que ces acteurs vont apporter une quelconque réflexion, appuie le journaliste dans sa critique.

Cette alliance au nom de qui ? Pour quelles objectifs ? Défendre la route sous couvert de décarboné le transport ? En réalité, des lobbyistes pro-route à son service.


Un vocabulaire très orienté pour tromper l’opinion publique. Une route durable, ça n’existe pas. Ca reste du goudron et du béton. C’est noir et gris et ça ne sent pas très bon ! © 2024 Capture


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables

  1. Beatnik / définition selon le Robert : « Personne en révolte contre le conformisme bourgeois et la société de consommation, qui vit d’expédients » ↩︎