En France, la pollution de l’air coûterait 736 euros par habitant et par an.

L’inaction climatique et sociale des États a des conséquences sur notre santé. Les discours d’intention ne suffisent plus face à la réalité. La pollution de l’air est l’un de ces facteurs et elle tue ! En Europe son coût est estimé à 166 milliards d’euros

En France, le coût moyen par habitant de la pollution de l’air serait de 736 euros. Il est de 1276 euros au niveau européen. C’est ce qu’a calculé l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA) dans une nouvelle étude parue mercredi 21 octobre 2020. Des sommes élevés qui répondent aux coûts socio-économiques de cette pollution comme les maladies, le nombre de journées de travail perdues ou encore, la réduction de l’espérance de vie.

Source : Atmo France, 2020

Ce n’est pas uniquement un coût pour la santé, mais les répercutions sont également économique.

La dernière tentative d’évaluation par l’État français remonte à 2015. Une commission d’enquête sénatoriale avait alors estimé le coût économique et financier de la pollution de l’air entre 68 et 97 milliards d’euros par an en France.

Il y a un an, le 24 octobre 2019, la France était condamnée par la justice européenne pour ne pas avoir protégé ses citoyens face à la pollution de l’air qui provoque 48 000 décès chaque année. L’État avait promis d’agir. Le 26 juillet dernier, la nouvelle ministre de l’écologie, Barbara Pompilli, avait indiqué « mettre en place des zones de faibles émissions (…) d’ici la fin de l’année » dont l’objectif est d’empêcher les véhicules les plus polluants de rentrer dans ces zones. Une mesure impossible de tenir dans les délais parce qu’elle pénaliserait tout une catégorie de la population qui n’ont pas les moyens de remplacer leur véhicule.
Nous sommes quasiment à la fin de l’année et force est de constater que l’inaction de l’État prévaut. Il ne peut pas d’un côté continuer à soutenir l’industrie automobile, les projets autoroutiers et en même agir pour réduire le trafic sans non plus pénaliser les plus faibles.

Ce qui est certain, c’est que la France est loin des objectifs qu’elle devrait tenir. La réalité fait froid dans le dos, rien que sur les dossiers autoroutiers, à l’exemple du contournement Ouest de Strasbourg, imposé par l’Etat en septembre 2018, contre toute logique environnementale.
Ailleurs, la liste des projets routiers s’allonge : A31bis, contournements à Rouen, Montpellier (par exemple), liaison Castre-Toulouse, liaison GCO-Entzheim, …
Souvent présenter comme une solution à de vrais problèmes (bouchons, pollution), construire de nouvelles routes est souvent une fausse-bonne solution, car une nouvelle route entraine mécaniquement ce que les spécialistes appellent un « trafic induit » qui vient ajouter des véhicules à un trafic dont l’objectif était de le réduire.

Tant que la France ne s’attaquera pas à la question du tout-voiture, à agir sur le trafic routier, notamment celui du flux des marchandises, afin de réduire le trafic camions, mais aussi celui du trafic pendulaire par des offres de mobilités réellement attractives, la pollution de l’air continuera à tuer et faire peser un coût sur chaque citoyen.

Le coût de la pollution de l’air en Alsace :

Le coût moyen de la pollution de l’air par habitant en Alsace est de 833 euros. Des données issues du rapport publié par l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA) dont l’étude s’est penchée sur 432 villes réparties dans les 27 pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Norvège et la Suisse. Pour la France, ce sont 76 villes étudiées dont Colmar, Mulhouse et Strasbourg.

Dans le détail :

  • Strasbourg 955€ (10e)
  • Colmar 904€ (16e)
  • Mulhouse 791€ (34e)

La pollution de l’air coûte aux Européens 1276 € par an – étude

L’Italie domine le top 10 des villes pour les coûts par habitant les plus élevés

21 octobre 2020, Bruxelles – Selon la plus grande étude du genre la pollution de l’air coûte à la ville européenne moyenne 1 276 € par an.

Le rapport de l’ Alliance européenne pour la santé publique (EPHA) quantifie la valeur monétaire des décès prématurés, des traitements médicaux, des jours de travail perdus et des autres coûts de santé causés par les trois polluants atmosphériques causant le plus de maladies et de décès : les particules (PM), l’ozone ( O₃) et le dioxyde d’azote (NO₂) .

Bien que Bucarest, en Roumanie, arrive en tête du classement européen pour les coûts les plus élevés supportés par le citadin moyen, sur la base des niveaux de pollution intenses, les villes italiennes dominent le top 10, en raison de leur pollution et de leurs coûts généraux plus élevés.

Où sont les coûts les plus élevés?

Une liste complète des villes est disponible ici . Carte interactive ici . 

La pollution atmosphérique est la première cause de décès prématurés dus à des facteurs environnementaux en Europe, selon l’ AEE . Le problème est plus grave dans les villes, où vivent les deux tiers des Européens. Deux tiers des villes ne respectent pas les normes d’air pur fixées par l’Organisation mondiale de la santé. PM, NO₂ et O₃ provoquent environ 400 000 décès prématurés par an. 

Le secrétaire général par intérim de l’EPHA, Sascha Marschang, a déclaré: «Notre étude révèle l’ampleur des dommages causés par l’air toxique à la santé des personnes et les énormes inégalités de santé qui existent entre et au sein des pays d’Europe. Dans une large mesure, la situation peut être influencée par les politiques de transport et les villes peuvent réduire les coûts en passant à une mobilité urbaine zéro émission. Les gouvernements et l’Union européenne devraient garder ces coûts à l’esprit pour la politique des transports afin de soutenir, et non d’entraver, une reprise saine après la pandémie de COVID-19. » 

L’étude a examiné 432 villes de tous les pays de l’UE ainsi que le Royaume-Uni, la Norvège et la Suisse. Au total, les coûts de pollution de l’air pour les citadins s’élèvent à 166 milliards d’euros par an, soit 385 millions d’euros par ville en moyenne. Lorsqu’ils sont regroupés par ville plutôt que par coût par habitant, ceux qui vivent dans de grandes villes chères ont tendance à faire face aux coûts de pollution les plus élevés en raison de la densité de la population, des revenus et des dépenses plus élevés. Mais les villes d’Europe centrale et orientale vont à l’encontre de cette tendance et figurent en bonne place dans le tableau d’impact malgré des niveaux de revenus plus faibles, car la pollution de l’air particulièrement grave fait des ravages. Par conséquent, le résident moyen de Bucarest est confronté aux coûts les plus élevés, à 3 004 €, tandis que ceux de Santa Cruz de Tenerife non polluée sont les moins chers, à 382 €.

Villes classées en fonction des coûts globaux pour les résidents

Les PM sont à l’origine de la grande majorité des coûts, 82,5% en moyenne (diverses sources de pollution), suivis du NO₂ (15% – principalement le trafic) et de l’ O₃ (2,5% – de la combustion). Ces proportions varient considérablement d’une ville à l’autre. La région d’Europe centrale et orientale a le taux le plus élevé de décès dus à la pollution atmosphérique, tandis que l’Europe du Sud a le taux le plus élevé de maladies chroniques.

Le transport est une source majeure de pollution atmosphérique urbaine, coûtant 67 à 80 milliards d’euros dans l’UE28 en 2016, selon un précédent rapport de l’ EPHA . Cette étude montre que même de petits changements dans les habitudes de transport et les politiques de la ville peuvent faire une différence substantielle sur ces coûts. Une augmentation de 1% de la durée moyenne du trajet jusqu’au lieu de travail augmente les coûts des émissions de PM10 de 0,29% et ceux des émissions de NO2 de 0,54%, selon l’étude. Une augmentation de 1% du nombre de voitures dans une ville augmente les coûts globaux de près de 0,5%.

L’étude, menée par CE Delft, est la plus importante du genre, en termes de nombre de villes et de polluants étudiés. Les chercheurs ont utilisé les dernières données complètes d’Eurostat et des stations de surveillance officielles, à partir de 2018, pour calculer les dommages causés et les coûts liés aux maladies qui en résultent. Les chercheurs ont exclu la pollution de l’air intérieur, une cause importante de maladie.

L’EPHA appelle à des politiques gouvernementales visant à réduire les transports pétroliers avec des alternatives plus durables, actives et zéro émission, en particulier la marche, le vélo et les véhicules propres, basées sur la mobilité électrique.