« On pourra pas dire qu’on ne savait pas. »
Claire, ancienne habitante de la ZAD du Moulin porte une réflexion sur la crise actuelle et la conscience qu’elle éveille au regard d’une réalité qui est la sienne à se sentir parfois seule dans des combats pourtant autant essentiels… comme celui mené contre le projet du GCO, où parfois nous avions l’impression de ramer à contre-courant face au rouleau compresseur de Vinci, aidé par un État-menteur…
« A tou.te.s celles et ceux qui s’offusquent de voir que certaines personnes ne respectent pas les règles du confinement par égoïsme ou incompréhension, vous comprendrez peut-être enfin mon désarroi face au comportement général des gens par rapport à la pollution. C’est beau de râler sur eux (oui ils abusent) mais moi perso c’est ma réalité permanente de constater ce genre de comportements de dénis criminel. Car, parallèlement au corona, nous traversons tous ensemble une autre crise : la mort de notre écosystème commun, celui qui a permis la vie. Et est ce qu’on agît ? Vraiment ?…
Car la pollution tue chaque année 48000 personnes en France dans l’indifférence la plus totale. Les scientifiques appellent, dans les derniers rapports du GIEC, à des mesures gouvernementales drastiques, l’équivalent de ce qui commence à être fait aujourd’hui pour le virus. Car le problème de la pollution est tout aussi grave, aussi répandu, et les conséquences, contrairement à l’épidémie actuelle, seront irréversibles (extinction définitives d’espèces (une toutes les 20 min), catastrophes naturelles (sècheresses, désertification, inondations) mouvement de populations suite à la montée des eaux, famines…et j’en passe). Ceci se passe à l’heure actuelle !! Quel média en parle en permanence ? Pourquoi n’a t’on pas le décompte des morts (humains et non-humain) en direct ?
Le gouvernement échoue dans son rôle de protection de la population en ne prenant pas les mesures nécessaires pour tenter de limiter la casse. Tant qu’on continue, NOUS, à valider ce système, on est aussi coupables de la mort de milliers de gens chaque année, et de drames humains planétaires dans les années à venir.
On pourra pas dire qu’on ne savait pas.
J’aimerai que cette crise permette aux gens d’enfin réaliser cela. Qu’ils n’aient pas besoin de voir la mort en face pour réagir, s’offusquer, car il sera trop tard.
J’aimerai que les gens réalisent qu’en agissant en masse, on peut éviter le pire. Et que pour cela, on doit accepter d’être privé de certaines libertés, pour l’avenir de l’humanité !
Construire encore des bagnoles, des routes, des aéroports, des centrales nucléaires, du plastique à usage unique, s’acheter le dernier smartphone + la tablette + l’écran géant, construire des entrepôts Amazon, des datas center, des lotissements… : c’est éradiquer consciemment les générations à venir… On pourra pas dire qu’on ne savait pas.
Sommes-nous exemplaires face à cette urgence ? A chacun de se poser la question personnel-lement. Mais les statistiques sont claires, la réponse est non. Même pas moi qui m’offusque. Car seule je ne peux rien. Être la seule confinée ne sauve pas le monde. Il faut que tout le monde joue le jeu.
Bon courage à tous, les enjeux sont grands, tous unis – tous responsables. »
Claire Chevrier – 20 mars 2020