GCO et l’eau : Vinci fait comme il lui plait…

– mise à jour le 19 août 2020 à 22h05 –

Parce qu’elle est la plus grande nappe phréatique d’Europe et estimée être une eau inépuisable, les pompages directement réalisés dans la nappe ne sont soumis à aucune restriction en Alsace et cela malgré les niveaux d’alerte sécheresse…

Une situation légale irresponsable au regard de la situation, à l’image de Vinci sur les chantiers du GCO qui a quatre forages directement dans la nappe à Duttlenheim, Stuzheim-Offenheim, Pfettisheim et Vendenheim, en plus de deux points de pompage dans le canal de la Bruche à Kolbsheim et celui de la Marne au Rhin à Vendenheim

Faute d’une législation plus contraignante, Vinci exploite les failles du système pour avancer sur son chantier où chaque euro économisé est un euro de plus à venir dans la poche des actionnaires.

La préfecture du Bas-Rhin, dans sa communication du 12 août dernier, s’est sentie obligée d’ajouter une précision sur les obligations qu’elle impose à Vinci sur les prélèvements d’eau effectués dans le canal de la Bruche, en raison du basculement en situation de crise du bassin hydrologique « Bruche, Ehn, Andlau, Giessen, Liepvrette » : « Le chantier du GCO devra réduire de moitié les prélèvements effectués sur le canal de la Bruche » – une précision ciblée faisant écho aux nombreuses critiques du collectif et riverains sur le passe-droit de Vinci ? certainement, mais quand est-il de la réalité sur le terrain ?

POUR L’EAU, VINCI FAIT COMME IL LUI PLAIT !

Pour se défendre (DNA du 16 août), Vinci répond se conformer aux besoins estimés dans le cahier des charges sur la consommation d’eau nécessaire à la réalisation de son autoroute : « Sur toute sa durée, le chantier a estimé à 277 000 m³ ses besoins en eau, soit l’équivalent de plus d’une centaine de piscines olympiques ». Elle paie se qu’elle consomme « moyennant une redevance à l’agence de l’eau Rhin-Meuse » et se conforme à législation.

Seulement, entre ce que prétend l’entreprise, ce que dit imposer la préfecture et la réalité constatée sur le terrain, il y a manifestement un gros décalage qui profite à… Vinci !

Au 16 août, au point de pompage de Vendenheim sur le canal de la Marne au Rhin, 1,64 millions de litres d’eau prélevés depuis le 9 août. Aucune modération de la part de Vinci est constaté !

Pour exemple, même si le troisième relevé du 9 août avait montré une petite semaine sur la consommation d’eau au point de pompage sur le canal de la Marne au Rhin, avec 360 000 litres (360m3), les pompages sont repartis à la hausse avec 1 640 000 litres (1640m3) prélevés entre le 9 et 16 août (1), sensiblement identique au constat fait le 2 août avec 1 280 000 litres (1280m3) entre le 25 juillet et le 2 août.

Sur un point de pompage, malgré la situation d’alerte sécheresse, alors que Vinci est censée réduire de moitié ses prélèvements dans le canal de la Bruche (le fait-il ?), force est de constater que la consommation reste importante et non « modéré » comme le préconise la préfecture dans son arrêté de l’alerte sécheresse pour cette zone.

Les constats faits sur les chantiers sont sans appel : ça arrose, arrose et arrose encore… et même quand il pleut (nous a-t-on rapporté) ! La préfecture préconise, soumet des restrictions d’eau pour faire face à la sécheresse et Vinci, de son côté, ne ralentit pas la cadence en usant de ses passe-droits. Un relevé intermédiaire réalisé le 19 août confirme nos propos avec 680 000 litres prélevés en 3 jours (2).

AVEC DES AUTORITÉS QUI FERMENT LES YEUX, VINCI N’EN A RIEN A FAIRE DE L’INTÉRÊT COLLECTIF…

Pour l’entreprise, chaque minute perdue sur son chantier est de l’argent à perdre si elle ne parvient pas à ouvrir l’exploitation du GCO à temps. Sachant qu’elle a déjà un an de retard due à l’opposition et quelques mois en raison de la crise liée au covid-19, vous comprenez, si elle devait encore avoir du retard, ça serait à l’État de payer le manque à gagner, c’est-à-dire à nous, les contribuables. L’écologie, ce n’est pas son souci premier. L’intérêt collectif face aux enjeux climatiques liés notamment au manque d’eau, ce n’est pas son problème.


Et côté pollution, ses jolis panneaux, comme celui-ci à gauche, indiquant la préservation de l’environnement, servent uniquement au greenwashing. La réalité est moins bucolique à l’image de ces deux photos en prime : le Muhlbaechel près du chantier/canal (Vendenheim) – photo 1 – … et non seulement ils nous polluent l’air, mais en plus polluent le sol avec leurs tracteurs qui pissent de l’huile – photo 2 –


(1) 4ème relevé : dimanche 16/08/2020 = 2460
Rappel du dernier relevé : dimanche 02/08/20 = 2296
2460 – 2296 = 164 164×10 = 1640 m3 soit 1,64 millions de litre d’eau en 7 jours

(2) relevé intermédiaire : mercredi 19/08/2020 = 2528
Soit depuis le 16 août : 2528 – 2460 = 68 x 10 = 680 m3 en 3 jours = 680 000 litres d’eau !