Qualité de l’air à Strasbourg : On respire mieux, mais le GCO n’y est toujours pour rien !

Les autorités en faveur du GCO vont nous expliquer que sa mise en service contribue à l’amélioration de la qualité de l’air sur l’Eurométropole de Strasbourg. Dans les faits, les raisons sont ailleurs.

Dans le cadre de la 10ème édition de la journée nationale de la qualité de l’air organisée par le ministère de la Transition écologique, le 14 octobre, l’Eurométropole de Strasbourg affiche ses bonnes notes et ses ambitions.

C’est bien, mais peut mieux faire. En matière de qualité de l’air – qui s’améliore de manière « significative », selon Atmo Grand Est – l’Eurométropole entend mieux faire connaître ses actions. Ses bons résultats – qui demandent à être confirmés et amplifiés – elle les attribue notamment à sa « politique ZFE, aux plans vélo et piétons ».

DNA, 8 OCTOBRE 2024

Si nous nous réjouissons de voir la qualité de l’air s’améliorer, il convient de relativiser sur au moins un point : le GCO n’y est toujours pour rien !

En mars, ATMO Grand Est, l’Observatoire expert au service de l’action air-climat-énergie et santé, avait publié son rapport annuel sur la pollution de l’air dans le Grand Est. Un mois plus tôt, à la connaissance de certains éléments de ce rapport, l’Eurométropole s’était félicitée de l’amélioration de la qualité de l’air sur son territoire en 2023. Pour notre collectif, c’était une « bonne nouvelle » qu’il était « nécessaire de relativiser ». A l’époque, nous avions réagi aux propos qui laissaient entendre que l’A355 de contournement ouest de Strasbourg avait joué un rôle. Pour nous, le GCO ne pouvait pas « être un élément conjoncturel à inclure dans les facteurs conduisant à l’embellie constatée en 2023 sur la qualité de l’air en Alsace ». C’est toujours le cas.

Si aujourd’hui, tous les indicateurs semblent rester positifs, il faudra patienter jusqu’en 2025 pour voir si la tendance en 2024 s’inverse ou non. La seule nouveauté concerne la ZDF [1] : deux ans après sa mise en place, la collectivité évoque « un état des lieux positif mais qui pointe la nécessité d’un accompagnement important ». Elle a assoupli son calendrier.

Dioxyde d’azote et particules fines en baisse

Dans son point presse, le 8 octobre, les données avancées sont celles issues du rapport rendu public en mars par ATMO Grand Est.

Dans le détail, certains polluants détectés ont chuté entre 2005 et 2022. Le dioxyde d’azote à titre d’exemple, ce gaz nocif pour la santé respiratoire à court et à long terme, qui est issu à 78 % du trafic routier (émis par des véhicules essence et diesel), a diminué de 37 % sur cette période. Seuls quelque 7 800 habitants en 2023 (contre 220 800 en 2019) sont encore exposés à une concentration de NO2 de plus de 20 g/m d’air – seuil fixé par la directive européenne.
En ce qui concerne les particules fines PM 10 (inférieures à 10 microns) et PM 2,5 (inférieures à 2,5 microns), elles ont diminué respectivement de 40 % et de 47 % aux mêmes dates. Elles semblent toutefois avoir atteint un palier en raison du chauffage au bois individuel (foyer ouvert ou poêle ancien). Seul point noir, les émissions d’ammoniac, dues notamment à l’épandage agricole, qui ne baissent pas sur cette même période (+22 %).

Strasbourg reste 3e !

En dépit de ces résultats encourageants, Strasbourg demeure la troisième agglomération la plus polluée de France, après Paris et Lyon. Environ 500 décès par an sont encore attribués à la pollution, notamment les maladies chroniques, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Eh non, le GCO n’y est toujours pour rien !

Qualité de l’air : trois bâtiments aux couleurs de l’indice d’Atmo

On respire mieux certes, mais il faut poursuivre l’effort de la lutte contre la pollution. Dans le cadre de la journée nationale de la qualité de l’air, le 14 octobre, l’Eurométropole affiche ses bonnes notes et ses ambitions… lire la suite

– REVUE DE PRESSE –

Si l’amélioration des relevés de 2023 est liée au parc des véhicules qui se modernise, il l’est aussi aux « conditions météo qui ont été plus favorables », a reconnu Cyril Pallares, directeur opérationnel d’ATMO Grand Est, lors de la conférence de presse, présent aux côtés de Françoise Schaetzel vice-présidente de l’EMS en charge de la qualité de l’air et d’Alexandre Feltz. Quant au GCO, nous maintenons qu’il n’y est pour rien.

📝 Quid de la dégradation de la qualité de l’air
pour les communes riveraines du contournement.


📝 Quid de la topographie géographique du territoire et de l’effet « cuvette » dans laquelle nous vivons et où déplacer une partie du trafic de quelques kilomètres ne fais pas disparaitre le problème.

En résumé, si l’on prend en compte :

  • la détérioration de la qualité de l’air pour les communes riveraines du contournement [2] dont plusieurs sont sur le territoire de l’Eurométropole ;
  • la topographie géographique du territoire et l’effet « cuvette » [3] ;
  • la hausse significative du trafic cumulé de la M35 et de l’A355 de 8,5 % ;

    — il a été de près de 20 % sur le GCO en 2023, alors que sur la même période, il n’a presque pas diminué sur la M35 (baisse de 2,7 %), dont il est censé délester une partie du trafic —

il est clairement établi que le GCO n’y est pour rien dans l’amélioration de la qualité de l’air dans l’Eurométropole. Les raisons sont ailleurs.


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— NOTE(S) —

  1. ZFE = Zones à faibles émissions. / note1 ↩︎
  2. Duppigheim, Ernolsheim, Kolbsheim et Duttlenheim / détail ici / note2↩︎
  3. Encaissée entre les massifs montagneux des Vosges et de la Forêt Noire, la plaine d’Alsace subit une conjonction géographique et climatique qui fait de Strasbourg une des villes les plus polluées de France. Ainsi, l’effet « cuvette » dans laquelle se trouve l’Eurométropole de Strasbourg, combiné aux vents dominants, ne permet pas au GCO de contribuer à faire baisser la pollution dans la traversée de son territoire. / détail ici / note2↩︎