Contournement de Rothau (67) : un nouveau front à venir ?

Encore un projet de contournement ! Ici, il s’agit du projet de contournement de Rothau, dans la vallée de la Bruche (67). Si sur le fond, contourner la route principale qui traverse le village peut améliorer la sécurité et le cadre de vie des habitants, sur la forme, le choix du tracé est discutable et discuté.

Remettre en question les projets d’infrastructure routière, tel que nous le défendons avec la Déroute des Routes, ne veut pas pour autant dire qu’il s’agit d’être contre tout systématiquement. Dans la vallée de la Bruche, pour ceux qui connaissent la géographie routière de Rothau, trouver une solution pour éviter l’angle droit que constitue la route principale au cœur du village est une réflexion de 40 ans, si ce n’est pas plus. La fronde naissante n’est pas sur le fond du problème, mais sur la forme. Le choix retenu par le Département de contourner l’obstacle est le plus long (5 km) et le plus impactant pour l’environnement. D’ailleurs, les DNA l’évoquent : « malgré les impacts environnementaux, écologiques, économiques, ainsi que les mesures de compensation à trouver ».

La décision prise par la CeA est symptomatique d’une dépendance au tout routier où construire une nouvelle route est la solution de faciliter sans requestionner le trafic routier et ses conséquences, et où la dépendance automobile est un casse-tête dans laquelle les élus ne veulent véritablement pas tenter d’y trouver des solutions.

S’il y a une leçon que nous tirons de la bataille du GCO, c’est qu’elle a relevé l’importance d’une transversale plus globale liée au trafic routier et de la dépendant au tout-routier dans laquelle se trouvent les administrations au sein des collectivités, entretenues par des lobbies du BTP qui n’ont aucun intérêt que cela change. En définitive, il y a toute une mentalité politique à changer.

Bruno Dalpra, membre de GCO NON MERCI, via BLOG MEDIAPART

Le contournement de Rothau : un choix coûteux et destructeur !

Dans le choix arrêté par la Collectivité européenne d’Alsace de la solution pressentie pose question : pourquoi choisir le tracé le plus long, le plus destructeur pour l’environnement et le plus coûteux, alors que les deux autres propositions étaient moins impactantes ?

Le contournement de Rothau dans son tracé choisi est symptomatique de cette dépendance au tout-routier au service de qui où construire une nouvelle route est la facilité prisée par des élus. Explication :


Carte du tracé pressentie en 2018 pour le contournement routier de Rothau. Le tracé le plus long a finalement été retenu. © Document du Conseil départemental du Bas-Rhin

Devant un problème identifié dont la cause est la circulation routière, la recherche de solutions se termine souvent par un projet d’une nouvelle route. Même si dans le cas du village de Rothau, le problème identifié rend une portion de l’axe extrêmement dangereux, le choix retenu pour y remédier est discutable et peut être contesté.

LA SOLUTION PRESENTIE

Dans le cadre d’un projet routier, il existe plusieurs étapes à franchir avant d’arriver ou non à sa concrétisation. Ici, avec le projet en cours, nous avons l’opportunité d’être au début de la phase d’échange avec la population. Avant de pouvoir demander la Déclaration d’utilité publique (DUP), il est nécessaire d’organiser une première consultation publique afin de déterminer la variante. En réalité, c’est une arnaque intellectuelle dans laquelle on fait croire aux personnes concernées qu’elles ont un pouvoir d’influence sur un projet qui leur est présenté alors qu’en réalité, c’est le porteur du projet qui a la main. En d’autres termes, la communication influence le choix vers la solution anticipée comme étant la plus idéale et le citoyen non averti se laisse berner.

Dans la majorité des situations, comme par hasard, la solution prévue parmi les solutions proposées est celle qui est choisie à la fin de la consultation. La plupart du temps, c’est celle dont le coût est le plus élevé et l’impact le plus important.
Pourquoi et comment ? C’est un constat qui est fait au sein de la coalition nationale La Déroute des Routes et étayée par l’ouvrage « inutilité publique » de Frédéric Graber.

La voie de contournement de Rothau ne fait pas exception à cette logique.

Tracé, calendrier, relogement : le contournement de Rothau se dessine dans la vallée de la Bruche

Un horizon semble se dessiner pour le contournement de Rothau, sur l’axe qui va de Strasbourg à Saint-Dié-des-Vosges, via Molsheim. Les premiers coups de pioche sont envisagés en 2026 en cas d’alignement parfait des planètes. Point de situation sur ce dossier crucial pour la vallée de la Bruche… lire la suite

– REVUE DE PRESSE –

UN NOUVEAU FRONT A VENIR ?

Comme dans de nombreux projets d’infrastructure routière, à l’image du GCO à Strasbourg, le contournement de Rothau est justifié sur un modèle du siècle dernier. Les  débats qui ont eu lieu le mercredi 7 décembre ont porté sur la place du transport routier :

« « C’est un projet du siècle dernier qui se fait au détriment de la nature et des transports en commun », a plaidé un Bruchois. Dans cette logique, le projet ne modifie en rien le trafic routier – et celui des camions en particulier – agissant même comme « un aspirateur », puisque facilitant le trafic. » 

rapporte les DNA dans leur article du 18 décembre.

Un président de Département complètement à côté de ses pompes en matière de mobilités.

« Le trafic routier est appelé à croître sous l’effet de l’augmentation de la population, et de la dynamique économique du bassin d’emplois. Le transport collectif (le train en particulier), malgré une offre qui se renforce, un travail sur les mobilités douces ( création d’une piste cyclable reliant Saâles à Strasbourg ) et un travail sur le covoiturage et le transport à la demande, ne peuvent répondre seuls aux besoins : « 80 % des habitants de la vallée ont besoin de la voiture », »

estime Frédéric Bierry, conseiller d’Alsace du territoire.

Les choix stratégiques en matière de mobilité face aux défis climatiques et écologiques, demain (c’est-à-dire : hier), doivent être en capacité d’apporter des solutions pour sortir de la logique du tout-routier. La responsabilité qui incombe à nos élus est énorme.


Dans le cas du projet de contournement de Rothau, au-delà des arguments, le plus gênant au fond, c’est de voir un représentant élu comme Frédéric Bierry, conseiller d’Alsace du territoire et président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), céder à la facilité
Le constat n’est pas de dire que « 80 % des habitants de la vallée ont besoin de la voiture ». Au contraire, la bonne attitude devrait être celle qui consiste à sortir les habitant·es de leur dépendance à l’automobile : que peut apporter le Département pour les en sortir ?

Un nouveau front routier va-t-il s’ouvrir ? Il est fort à parier que oui. Les réponses qu’apporte le Département ne sont plus entendables. Qu’il faille un contournement ? Peut-être ! Mais pas celui-là !


Un nouveau front routier est à prévoir à Rothau contre le projet de contournement. Le projet estimé à 21,5 millions d’euros permettra de dévier la circulation des 8 140 véhicules dont 1 465 poids lourds qui traversent chaque jour la cité bruchoise, selon la CeA  © 2022


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables