A69 vs GCO : le déni est institutionnel et c’est un problème de démocratie grave
– mise à jour le 2 novembre 2024
Comment demander au citoyens d’être respectueux des institutions et de la démocratie lorsque les pouvoirs publics eux-même les bafouent ? 2018 (GCO) – 2023-24 (A69), on reprend la même histoire… en pire !
« On était en face d’un mur », explique Christophe Cassou*, invité de l’émission LA DERNIERE, sur Radio Nova, le 27 octobre 2024 (extrait ci-dessus). Il raconte comment il s’est heurté avec des confrères et consœurs scientifiques, au refus de la présidente de la Région d’Occitanie, Carole Delga, de remettre en question le projet de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse. Etre en face d’un mur, est un sentiment que nous avons également connu dans la lutte contre le GCO.
*Christophe Cassou n’est pas n’importe qui. Il est un climatologue français, spécialisé dans les télécorrélations atmosphériques et l’un des co-auteurs du sixième rapport d’évaluation du GIEC.
LE DÉNI ÉTATIQUE : UN AFFRONT À LA DÉMOCRATIE !
Le déni est institutionnel et ne date pas d’aujourd’hui. Nous avons été confrontés au même déni dans notre lutte contre le GCO à Strasbourg. Malgré nos arguments selon lesquels l’autoroute n’était pas LA solution et qu’il existait des alternatives pour résoudre les problèmes, rien n’y a fait. Les élus favorables au contournement étaient archi-boutés sur leur choix.
Éviter la destruction d’espaces agricoles et naturels était possible. Aujourd’hui, nos pires craintes se sont avérées :
- l’Alsace est devenue un couloir à camions : une partie du trafic passant par l’Allemagne via l’A5 le fait côté français par l’A35/A355. Bien qu’il soit élevé, le coût du péage pour les poids lourds reste plus abordable que celui de la LK-Maut (la taxe allemande sur les camions).
- le trafic sur la M35 n’a quasiment pas baissé alors que le GCO était censé le délester d’une partie de son trafic. Il avait été vendu, entre autres, avec cette argumentation, pourtant mensongère. En 2023 : -2,7 % de baisse du trafic routier par rapport à 2019 (année de référence), alors que dans la même période, le trafic sur l’A355 a augmenté de 20 %.
Voir notre article : « Derrière l’embellie de façade que présente Vinci de son autoroute, la réalité est moins jolie.«
Le déni étatique est un affront à la démocratie. L’État de droit invoqué par les pouvoirs publics comme excuse pour ne pas écouter les opposants n’est pas entendable lorsqu’il existe des contentieux juridiques non purgés. C’était le cas en 2018 dans la lutte contre le GCO, au moment du démarrage des travaux. C’est le cas aujourd’hui avec l’A69.
Ce qui est agaçant et rend GCO NON MERCI encore plus solidaire, c’est qu’avec cinq ou six ans d’écart, rien n’a changé. Les militant·es engagé·es avec La Voie Est Libre (LVEL) vivent les mêmes violences : le déni d’un côté et la violence morale et physique sur le terrain, de l’autre.
LE MODÈLE TOUT-ROUTIER FACE AUX DÉFIS CLIMATIQUES ET DE SANTÉ PUBLIQUE : LES DÉCIDEURS INVERSENT LES RÔLES !
Ce qui a évolué, c’est la prise de conscience d’une partie croissante de l’opinion publique des effets face aux défis liés au climat et à la santé publique. Personne ne peut le nier, surtout pas les élus. Les inondations à répétition de ces derniers mois, ou encore les canicules des années précédentes, sont autant d’événements marquants aux conséquences humaines et économiques évidentes.
Malgré cela, au lieu d’agir face aux enjeux, notamment en tenant compte de l’aspect social lié à la récession économique que nous connaissons depuis plusieurs années et qui s’est accélérée avec les contrecoups du Covid (2020) et de la guerre en Ukraine (2022), les élus afféodés à un modèle économique, dont le tout-routier appartient, inversent les rôles. Ces élus, au service d’un système capitalo-libéral où l’intérêt général sert avant tout des multinationales et leurs dirigeants, rendent responsables les défenseurs de l’environnement et d’un droit social plus juste, de tous les maux et parlent d’écologie punitive.
En réalité, c’est l’absence d’écologie qui est punitive. Les catastrophes climatiques telles que celle qui a eu lieu en Espagne dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 octobre la mettent en évidence. Les exemples ne manquent pas.
Les canicules à répétition qu'a connues la France entre 2019 et 2023, au cœur desquelles l'eau potable s'est retrouvée sous tension. L'écologie punitive est de privilégier quelques-uns au détriment de la majorité, au point de créer une guerre de l'eau. Il est question de Sainte-Solline (méga-bassines), ou encore de l'utilisation excessive de l'eau sur le chantier du GCO. sans aucune contrainte. En pleine canicule, malgré des mesures strictes de restriction préfectorale, l'usage de l'eau sur le chantier n'était pas restreinte, comme cela s'est produit ici en 2019-2020.
L’écologie punitive, c’est quoi ? © 2024 GCO NON MERCI
LE DÉNI INSTITUTIONNEL : UNE DÉFIANCE ANTIDÉMOCRATIQUE !
Dans le cas du projet de l’A69, la seule réponse étatique a été de faire usage de la force avec encore plus de véhémence pour imposer un projet contesté et contestable, comme pour le GCO, au service d’intérêts privés.
Le 29 octobre 2024, les habitant·es et militant·es engagé·es avec le collectif LVEL, ont rendu hommage aux arbres tombés.
L’inaction reste un problème. En France, face aux risques de catastrophes climatiques, « l’État mène des politiques d’adaptation insuffisantes. »
Le troisième plan national d’adaptation au changement climatique a été présenté le 25 octobre. Problème : face aux risques de catastrophes climatiques, « l’État mène des politiques d’adaptation insuffisantes ».
A LIRE SUR REPORTERRE ICI : reporterre.net/l1F
Il y a des discours d’intention, mais la réalité sur le terrain est toute autre. Nous l’avons écris à de multiples reprises. Souvenez-vous du « Make our planet great again » lancé par Emmanuel Macron en 2017. Depuis, il y a eu :
- la Convention citoyenne pour le climat (2020) ;
- une loi Climat et Résilience en deçà des espoirs nés de la convention (2021) ;
- un prometteur objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) en 2050 (2023), dérogé quelques mois plus tard pour au moins un tiers des projets routiers.
Beaucoup de blabla, mais le courage politique manque.
Le GCO est l’exemple de ce qu’il ne faudrait plus faire, et pourtant aujourd’hui, il y a l’A69 et d’autres projets. Au moins 55 sont contestés, dont plusieurs en Alsace. Plus que jamais, il est urgent de mettre en place un moratoire sur les projets routiers et autoroutiers contestés. Avec La Déroute des Routes, nous défendons cette idée.
Le déni est institutionnel et c’est un problème de démocratie grave !
–
Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons, milite pour des mobilités douces et durables –