Ce qui repousse partout ne peut être dissout

Les soulèvements de la terre ont été dissous par le gouvernement. C’est une attaque inédite du mouvement écologique. Au lieu de s’attaquer à la monté de l’extrême droite et réduire les inégalités sociales, le gouvernement s’enferme dans son déni face à son inaction climatique.

Même dissous, le collectif Les Soulèvements de la Terre continueront à faire parler d’eux !


En Alsace, mercredi 21 juin, deux rassemblements ont eu lieu en soutien aux Soulèvements de la Terre. Un à Strasbourg, l’autre à Colmar, tous les deux à 19h devant la préfecture, comme la plupart des 150 rassemblements recensés ce même jour.

Des dizaines de milliers de personnes, des centaines d’organisations et collectifs et des personnalités en soutien aux Soulèvements de la terre, rassemblés partout en France. On ne dissout pas un soulèvement !

300 personnes à Strasbourg

Mercredi 21 juin, suite au décret de dissolution des Soulèvements de la Terre, des dizaines de milliers de personnes se sont réunies dans plus de 150 communes partout en France. Ces rassemblements ont été organisés par les comités locaux, des syndicats, des paysan·nes, les associations écologistes, et habitant·es en lutte, les militant·es de partis politiques, etc. – « témoignant de la diversité de notre mouvement »écrit Les Soulèvements dans cet article qui retrace la soirée de mobilisation. 

A Strasbourg, nous étions plus de 300 personnes rassemblées pour dénoncer l’irresponsabilité du gouvernement, son déni… son inaction climatique!
Parce que nous sommes toutes et tous Les soulèvements de la terre, Emmanuel Macron et son gouvernement n’ont rien compris. On ne dissout pas un mouvement social et écologique. Il est pluriel. C’est notre force au-delà de nos différences, car nous avons toutes et tous un même but : défendre le vivant, empêcher la privatisation de l’eau et arrêter l’accaparement des terres. Nous avons qu’une seule planète !

Né il y a deux ans sur les contreforts de la zad de Notre-Dame-des-Landes, soutenu depuis le début par la Confédération paysanne, partie prenante du mouvement, le collectif fait peur au gouvernement. En réalité, le prétexte de la « violence » qu’utilise Gérald Darmanin est un leurre. Si elle était un réel problème, le gouvernement aurait dissout la FNSEA qui l’exerce depuis bien plus longtemps déjà, commente Vent de luttes entre Vosges et Rhin dans son édition du 24 juin.
Face au déni étatique et son inaction climatique, le gouvernement de Macron cristallise les tensions face à l’urgence sociale et climatique. Il crée une radicalité qu’il est lui-même responsable. Il est violent et tente de faire croire que la violence est le fruit des oppositions. Sauf qu’il a oublié un détail : ce n’est pas en dissolvant Les soulèvements de la Terre qu’il dissout le mouvement climat : « on ne dissout pas un soulèvement ». De fait, « ce qui repousse partout ne peut être dissout ».

Nous sommes toutes et tous en soulèvement !

Lecture de la lettre adressée à Macron par de nombreuses ONG en soutien aux Soulèvements de la Terre :

Alors que les conséquences de la catastrophe écologique s’aggravent, nos actions révèlent la politique anti-écologique du gouvernement et l’association de malfaiteurs qu’il constitue avec les industries les plus toxiques du pays et le complexe agro-industiel s’accaparant les terres et l’eau. Le gouvernement a décidé de réprimer l’écologie politique plutôt que d’agir. Dans ce contexte, ces rassemblements disent avant tout une chose : le mouvement pour la défense des terres et des l’eau repousse d’ores-et-déjà partout !

Les Soulèvements de la Terre

Parmi les militants et militantes d’organisations locales, mais aussi de citoyens et citoyennes conscient des enjeux sociaux et écologiques, de nombreux élu·es ou responsables politiques étaient présent·es.

« C’est nous qui avons raison ! »

Signataire d’un texte de soutien aux Soulèvements de la Terre avec une centaine d’autres parlementaires – « Nous n’acceptons pas la dissolution des Soulèvements de la Terre »Emmanuel Fernandes, député de la 2e circonscription du Bas-Rhin a pris la parole. Retrouvez ci-dessous ces mots : « On ne dissout pas un soulèvement ! ».

« […] Ce therme d’ « écoterroriste«  est absolument insupportable. C’est, c’est de la même veine que les termes « islomo-gauchiste« , vous savez ce sont des termes qui sont repris tel quel de l’extrême droite… Ils sont en train de construire non plus un escalier, mais un marche-pied, un escalator pour l’extrême droite dans ce pays. C’est absolument dramatique. Donc il faut continuer de soulever. On ne dissout pas un soulèvement (bis). Donc tout ce que vous faites, tout ce que nous faisons ici, continuons de le faire. Avec une attitude… oui offensive (bis), parce que c’est nous qui avons raison. C’est vous qui avez raison (de) pousser pour que ces projets écocidaires, et de manière générale, pour préserver l’environnement. C’est pour l’avenir de l’humanité. Ils n’ont rien compris. Ce sont eux qui sont à côté de la plaque. C’est nous qui avons raison !

Emmanuel Fernandes, mercredi 21 juin, Strasbourg

Dans les réactions nombreuses, on peut également citer celles de 300 personnalités qui écrivent une lettre ouverte à Emmanuel Macron : « On ne dissout pas la Terre qui se soulève » ou encore celles d’autres qui parlent d’« erreur politique » ou de « radicalisation du pouvoir ». A lire ici.

Quelques images… quelques messages !

D’un membre des Soulèvements de la Terre Alsace (SLT Alsace) :
lecture par Bruno Dalpra qui a prêté sa voix pour lire ce texte.

« Nous nous y attendions, c’est à présent chose faite … mais comme l’eau nous rejaillirons… »

S’il y a bien une phrase qui montre toute l’absurdité de la décision du gouvernement de dissoudre aujourd’hui en conseil des ministres Les Soulèvements de la Terre, c’est que nous sommes toutes et tous « Les Soulèvements de la Terre » et qu’en ce sens, ils ne pourront pas défaire tout ce qui en plusieurs années et mois s’est construit.

Ils peuvent en effet interdire des symboles. Ils peuvent interdire la publication de communiqué, la tenue de réunions publiques, l’appel à de nouvelles dates d’actions, voire à certaines et certains de se rendre à tels ou tels endroits et de se revendiquer formellement des Soulèvements de la Terre. Mais, ils ne pourront pas empêcher un mouvement. Un mouvement fait de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes ici France mais aussi à l’étranger. Ils ne pourront pas empêcher un mouvement de se soulever.
De se soulever en effet contre l’absurdité d’un système généralisé de destruction du vivant, d’accaparement des biens communs dans une logique économique de rentabilité de tout ce qui est.
De se soulever face l’inertie des décisions d’un gouvernement qui table plus sur la responsabilité individuelle de chaque citoyen face à l’urgence climatique que sur sa propre responsabilité dans le désastre en cours.
Ils ne pourront empêcher des milliers de personnes de continuer de se soulever contre les lobbies du BTP ou de l’agro-industrie et contre toute l’absurdité cognitive dont ce gouvernement fait preuve.
Ils ne pourront nous empêcher de continuer à nous opposer à des industries telles que l’AFARGE et des syndicats tels que la FNSEA, par des actions concrètes de démantèlements et de reprise de terres.

Oui, nous sommes de celles et ceux qui hier marchaient à Sainte Soline, à Toulouse, à Rouen ou en Maurienne. De celles et ceux qui ont refusé comme des millions d’autres, de voir deux années de plus de leur vie leur être impunément volée, qui ont marché malgré la répression et malgré le mépris.
Nous sommes donc bien de celles et ceux, qui aujourd’hui comme demain, continueront de se soulever contre les grands projets inutiles, contre l’agro-industrie, la casse des régimes sociaux et des services publics, contre l’accaparement de l’eau et des terres… et pas de cette figure du monstre, désigné sous les traits d’écoterroriste qu’ils essaient de nous faire prendre. Nous continuerons de nous soulever, pour qu’enfin des perspectives politiques désirables puissent émerger face à un système capitaliste mortifère de mise au travail généralisé des corps.
Pour que nous puissions toutes et tous continuer de vivre dans un monde désirable et habitable.

Pour cela, nous continuerons les rencontres, les balades, les actions, et parfois même, qui sait, les démantèlements. Nous continuerons de nous retrouver, toujours plus nombreuses et nombreux pour continuer :

• d’imaginer demain,
• de défricher des terres pour que s’installent des paysannes et des paysans,
• de vendanger dans la joie les vignes de Bernard Arnaud,
• de faire la fête et des banquets,
• d’écrire des textes et de les diffuser, …

Oui nous continuerons !

Car ce qui nous lie par-delà un nom, et plus encore que l’appartenance à ce collectif des Soulèvements de la Terre, c’est notre volonté de nous retrouver, d’éprouver ensemble la force qui se dégage de nos actions collectives.

Face à l’accaparement de la terre, de l’eau et de notre temps. Face à la destruction du vivant, à la bétonisation massive des sols, l’extractivisme, à la mise au travail généralisé des corps, nous sommes nombreuses et nombreux à nous être soulevé ces dernières années, ces derniers mois, ces derniers jours et nous continuerons de le faire, sous le symbole d’un collectif ou bien d’un autre, voire même sans symbole du tout, partout où il nous semblera utile et nécessaire de le faire. Que ce soit auprès des paysans et paysannes (de la conf notamment), dans les cortèges des mouvements sociaux, en soutien aux luttes des sans-papiers, contre le racisme, le sexisme, la xénophobie, auprès des travailleurs et des travailleuses dans les luttes sectorielles… Etc. Etc.

De cette centaine de comités qui sont apparus en France ces derniers mois, de ces milliers de rencontres, de réunions, d’évènements, est né quelque chose de bien plus fort qui ne peut être si soudainement dissous : un maillage des luttes, de relations, desquelles sont parfois nées des amitiés fortes, des envies de faire, de se réunir et d’agir.
Car ce qui nous lit au-delà de l’appartenance ou non à ce collectif aujourd’hui dissous, c’est la force concrète de nos actions, de nos rencontres, de nos discussions, face au désastre en cours.

Alors oui, continuons parce qu’imaginez si demain on gagne !

« Vous êtes, nous sommes, Les Soulèvements de la Terre »


Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables