ALSACE NATURE se met en Grève des commissions administratives

Le GCO est la goutte qui fait déborder le vase ! Le mépris affiché par l’Etat vis-à-vis des experts indépendants et de l’expression citoyenne dans ce dossier illustre parfaitement le constat fait par Nicolas Hulot à l’annonce de sa démission.

Cet énième exemple des dysfonctionnements de notre système démocratique, amène Alsace Nature, membre du collectif GCO NON MERCI, à suspendre sa participation aux nombreuses commissions administratives de l’Etat, dans lesquelles elle siège.

Voici la copie du courrier qu’Alsace Nature adresse ce jour au préfet de région Grand Est.

Strasbourg, le 30/08/18

Objet : Grève des instances participatives

Monsieur le Préfet,

Lors de l’annonce de sa démission du gouvernement, M. Nicolas Hulot a insisté, parmi les motivations de sa décision, sur un sentiment d’impuissance à peser sur les orientations fondamentales en lien avec les enjeux écologiques, et sur le poids, y compris dans les rouages de l’Etat, des lobbies défendant des intérêts particuliers incompatibles avec ces enjeux. Après plus de 50 ans d’engagements bénévoles en faveur de l’intérêt général et particulièrement de la défense de l’environnement, c’est un sentiment que notre fédération partage et nous l’avons largement expérimenté concrètement.
Nous participons à des dizaines de commissions de « concertation » mises en place par l’Etat sur des sujets d’environnement, dans lesquelles, à chaque fois, nous sommes minoritaires alors que nous sommes souvent les seuls à défendre l’esprit des lois de protection de l’environnement. Nous constatons que la plupart du temps, notamment sur de gros dossiers, les décisions sont jouées d’avance dans le cadre de processus opaques
où les lobbies ont tout loisir de s’exprimer. Tous les lobbies sont représentés dans les instances qui concernent l’environnement, alors que nous ne sommes quasiment jamais représentés dans celles qui les occupent directement, alors que les orientations qui y sont prises ont des effets importants, directs ou indirects, sur les enjeux écologiques.
Le cas du projet de Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO) est particulièrement emblématique de cette situation délétère et la pousse même jusqu’à la caricature. Sans vouloir nous étendre ici sur un sujet sur lequel nous nous sommes déjà largement exprimés (en vain), nous tenons à souligner que ce dossier montre cruellement les limites démocratiques et environnementales d’un système où l’Etat est juge et partie et fait objectivement le jeu des lobbies, au détriment de l’intérêt général qu’il est censé défendre. Il est significatif de constater que, sur les différentes instances appelées à se prononcer sur les aspects globaux du projet, la seule qui ait délivré un avis
favorable est celle qui correspond aux critères ci-dessus (le CODERST), dans laquelle une collectivité (l’Etat, juge et partie) dispose de 8 voix à elle seule !

M. Nicolas Hulot a démissionné parce qu’il ne voulait plus servir de caution à ce modèle incompatible avec les urgences environnementales. Notre vécu récurrent, amplifié par la farce du GCO que nous sommes en train de vivre, nous a amenés à prendre la décision de faire la grève de la participation aux instances de concertation mises en place par l’Etat jusqu’à nouvel ordre. Nous vous prions, Monsieur le Préfet, de bien vouloir transmettre cette décision au nouveau ministre de l’écologie, en lui précisant que nous attendons de lui très rapidement un signe qui pourrait nous permettre de revenir sur notre décision. Il s’agirait notamment de réviser sérieusement les modalités de
participation citoyennes et associatives afin de les rendre crédibles, notamment au regard de la Convention d’Aarhus.

Dans cette attente, nous vous prions de croire, Monsieur le Préfet, en l’assurance de notre haute considération.

Le Président
Daniel Reininger

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