Alsace : plusieurs projets routiers à l’arrêt !

– mise à jour le jeudi 3 octobre 2024

« Difficile exercice d’analyser la politique globale des routes, tant le sujet est complexe », écrivions-nous en mai dernier. Force est de constater que des lignes bougent. Un peu partout sur le territoire, des projets routiers sont à l’arrêt, dont plusieurs en Alsace.

L’actualité sur les projets routiers en ce mois de septembre 2024 est surtout alimentée par la bataille autour du chantier de l’A69 entre Castres et Toulouse. Faisant face à une répression sans précédent dans une lutte environnementale, et ce, malgré une détermination qui force le respect, les derniers bastions sur le tracé sont tombés, à l’exemple de la ZAD du Verger qui tenait encore il y a quelques jours. En dépit de ces revers, la combativité des opposant·es reste forte. Nous saluons leur courage dans une lutte qui nous fait écho, particulièrement ici en Alsace. Nous connaissons l’injustice de devoir affronter le déni et l’entêtement d’un État, et de devoir subir son passage en force. Nos camarades de La Voie Est Libre vivent ce que nous avons vécu avec le GCO, avec 5 ou 6 ans d’écart.

Si cette actualité pourrait affecter notre détermination solidaire, il n’en est rien. Bien au contraire, puisque les lignes bougent ailleurs comme dans le Val d’Oise, les Pyrénées ou dans la Manche, rapporte La Déroute des Routes. La coalition évoque également l’Alsace.

EN ALSACE, PLUSIEURS PROJETS ROUTIERS A L’ARRÊT !

En octobre 2023, le président du Département, Frédéric Bierry, avait catégoriquement refusé de remettre en question les projets routiers de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA). Dans sa réponse à la question écrite, posée par le conseiller départemental Damien Fremont, au nom de son groupe politique d’opposition, sur la pertinence des projets routiers alsaciens dans le cadre de la mise en œuvre d’une planification écologique optimale, Frédéric Bierry avait raillé le Conseiller et écarter une remise en question de ces projets. Pour le président, les enjeux écologiques et de santé publique n’étaient pas la préoccupation de sa politique.

Un an après, force est de constater, que plusieurs d’entre eux sont à l’arrêt.

‼ Liaison GCO-Entzheim : pas de travaux… pour le moment !

En avril dernier, nous vous avions évoqué la liaison GCO-Entzheim dite « liaison routière Duppigheim Entzheim ». A la faveur du nouveau Contrat triennal « Strasbourg Capitale européenne » 2024-2026, le projet a été remis aux calendes grecques. Au détour d’un petit paragraphe dans la presse, nous avions appris qu’une nouvelle étude financer par l’État et le Département allait être menée et que pour l’heure, il n’y avait pas de travaux en perspective.

Depuis, deux autres projets, à des stades d’avancement différents, se retrouvent sur le banc de touche.

‼ Contournement de Rothau : des travaux repoussés d’au moins cinq ans :

En juin, nous avons appris dans la presse que le contournement de Rothau était repoussé de cinq ans. Là encore, la vaillance du Département à vouloir mettre en œuvre ce projet a changé. En faisant le choix de prendre comme solution le tracé le plus long et le plus impactant sur le plan environnemental, le porteur du projet s’est tiré une balle dans le pied. L’après « Châtenois » est passé par là, semble-t-il. Aujourd’hui, le Département a décidé de repousser les travaux d’au moins cinq ans afin de se laisser du temps pour améliorer le dossier, notamment en matière environnementale.

« Cinq ans de retard pour ce chantier qui doit conduire à le destruction du camping au bord de Bruche, pour son gérant c’est un petit soulagement mais la menace est toujours là estime Philippe Vandenbroucke[…]
De leur côté, les associations environnementales attendent la publication de la déclaration d’utilité publique, l’an prochain, pour éventuellement engager des recours en justice. »

BLEU ALSACE, 17 JUIN 2024

‼ Liaison A4-Lorentzen : toujours pas d’appel d’offres depuis décembre 2023 !

En avril dernier, les opposant·es au projet de liaison A4-Lorentzen, en Alsace Bossue, organisaient une journée de mobilisation. Parmi les éléments mentionnés concernant l’avancement du projet, on retrouve celui de l’appel d’offres. En dépit de sa validation en décembre 2023, le Département n’avait toujours pas lancé d’appel d’offres en mars 2024. Quelques mois plus tard, à la lecture d’un article publié sur Rue89 Strasbourg (septembre 2024), nous découvrons que cet appel n’a toujours pas été publié. Parmi les raisons probables : la faiblesse du dossier environnemental. Là encore, l’après « Châtenois » est semble-t-il passé par là.

« Il fallait bien un blocage de chantier par la justice pour calmer les élus alsaciens. Ils veulent toujours bétonner des zones naturelles, mais ils font un peu plus gaffe. C’est un début. »

THIBAUT VETTER, JOURNALISTE A RUE89 STRASBOURG

PRISE DE CONSCIENCE OU BIEN LES RAISONS SONT AILLEURS ?

Engagé dans la lutte anti-GCO, Bruno Dalpra, membre de notre collectif, dit avoir acquis une certaine expertise sur les questions que soulèvent les dossiers concernant les projets routiers. Il réagit ici à l’article « Après le fiasco de Châtenois, les projets routiers de Rothau et Lorentzen en suspens« , publié par Rue89 Strasbourg le 18 septembre dernier.

Ici, dans le choix que prend la CeA, je ne suis pas certain que l’aspect environnemental soit la raison première qui fait reculer le Département. Certes, cela a un impact, mais les raisons sont d’abord et surtout financières. C’est-à-dire que le surcoût environnemental est un frein et que ça a une conséquence sur la ligne budgétaire consacrée aux routes.
La crise économique, l’augmentation du coût de la vie pèse aussi sur les départements. La CeA n’échappe à cette logique. Elle est donc obligée de revoir ses prétentions.

BRUNO DALPRA, 20 SEPTEMBRE 2024, VIA SON PROFIL FACEBOOK

Suspendre un projet ne veut pas pour autant dire qu’il soit abandonné. « Qu’on ne s’y trompe pas, dit-il. L’exemple du GCO est là pour nous le rappeler », souligne Bruno Dalpra. Souvenez-vous, en juin 2012, notre collectif pensait tenir sa victoire après le retrait de la concession à Vinci, faute d’avoir pu réunir le financement du projet. On connaît malheureusement la suite. Tant qu’une DUP [1] n’est pas tombée, un projet peut être relancé à tout moment. Une décision politique d’un jour peut être défaite par une autre, à un autre moment dans le temps.

Non, la seule question, en réalité, c’est de savoir si ces élus commencent à comprendre qu’il est vraiment nécessaire de revoir notre rapport à la mobilité. La pertinence de ces projets n’existe pas si et seulement s’ils comprennent qu’il faille travailler sur les autres mobilités afin de réduire la dépendance à la voiture.

Naturellement, une fois de plus, il est crucial de souligner que défendre une mobilité choisie et non subite ne permet pas de trouver une solution pour tout le monde. Pour autant, en transférant une partie des usagers de la route vers d’autres modes de déplacement, qu’ils soient total ou partiel, sur des déplacements domicile-travail, réduit de facto les nuisances que génèrent le trafic routier tel qu’il est aujourd’hui.

« Ne nous réjouissons pas trop vite » a réagi le Conseiller départemental Damien Frémont sur notre publication. Il explique que ses demandes de moratoire sur les projets routiers au sein de la CeA, pour son groupe Alsace Écologiste, Citoyenne et Solidaire, ont suscité à chaque fois le rejet des collègues du groupe majoritaire. « Le goudron a encore de beaux jours devant lui en Alsace, malheureusement… », souligne-t-il.

Ne nous réjouissons pas trop vite. Mes demandes de moratoire sur les projets routiers au sein de la CeA, pour le groupe Alsace Écologiste, Citoyenne et Solidaire, ont suscité à chaque fois le rejet des collègues du groupe majoritaire…

Le goudron a encore de beaux jours devant lui en Alsace, malheureusement…

Il y aura d’ailleurs une fête du goudron samedi à Châtenois sur le Contournement routier construit par la CeA et qui est sur le point d’être mis en circulation…

L’exécutif de la CeA conviera même les collégiens pour admirer son travail de consommation foncière : c’est qu’il faut inculquer la culture du tout voiture dès le plus jeune âge…

Pendant ce temps là, nous bataillons pour plus de solutions de mobilités durables à travers tous les territoires, jusque dans la ruralité, et dans le respect de notre environnement déjà largement saccagé…

DAMIEN FREMONT, ELU A LA CEA, JEUDI 3 OCTOBRE 2024
— témoignage sur la publication Facebook de GCO NON MERCI

Aussi, nous savons que la seule alternative pour aider nos élus à prendre les bonnes décisions passe par un moratoire sur TOUS les projets routiers et… c’est ce que nous défendons avec La Déroute des Routes [2] depuis deux ans déjà !

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Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables –