« On ne peut plus valoriser les transports en s’appuyant sur des théories héritées des “trente glorieuses” »

Continuer de croire que la construction de nouvelles autoroutes génère un gain de temps relève d’un « tour de passe-passe » démenti par les observations, souligne l’urbaniste Emmanuel Munch dans une tribune dans laquelle il évoque notre coalition nationale La Déroute des Routes.

« On ne peut plus valoriser les transports en s’appuyant sur des théories héritées des “trente glorieuses” »

Le Monde (ed.abonnés).

« On ne peut plus valoriser les transports en s’appuyant sur des théories héritées des “trente glorieuses” »

Continuer de croire que la construction de nouvelles autoroutes génère un gain de temps relève d’un « tour de passe-passe » démenti par les observations, souligne l’urbaniste Emmanuel Munch dans une tribune au « Monde »… lire la suite

– REVUE DE PRESSE –

La contestation grandissante des projets routiers en France exprime un changement de regard sur la mobilité et la vitesse. Le cas, médiatisé, de l’autoroute A69 devant relier Toulouse à Castres (Tarn) n’est qu’un exemple parmi une cinquantaine de luttes locales à présent rassemblées sous la bannière du réseau de collectifs : La Déroute des routes.


Du côté des politiques de transport, ces changements de perspective restent largement ignorés. Les évaluations socio-économiques des projets continuent d’accorder une valeur monétaire considérable à l’utilité de la vitesse, souvent au détriment de leurs effets sur l’environnement.


Dans le dernier rapport, de 2018, sur l’abaissement des vitesses maximales autorisées à 110 kilomètres à l’heure sur autoroute, les temps perdus représentent un coût de 1,145 milliard d’euros pour la collectivité. Les gains environnementaux – moins de carburant, de pollution et de CO2 – ne sont évalués qu’à hauteur de 474 millions d’euros. La balance penche donc nettement du côté du maintien de la limite de 130 km/h.


A l’inverse, dans des projets d’accélération tels que le contournement ouest de Rouen, c’est la même logique. Les bénéfices liés aux gains de temps (1,35 milliard d’euros) écrasent toute autre considération et valident « théoriquement » l’intérêt du projet.


La légitimité d’une infrastructure de transport repose donc en quasi-totalité sur les supposés gains de temps apportés aux populations. Il y a là une véritable mythologie, un tour de passe-passe basé sur la transformation magique de la vitesse.


Victimes de leurs succès

Selon les théories d’économie, la « valeur du temps » présente dans les évaluations dévoilerait ce que les individus sont prêts à céder de leur salaire pour gagner du temps. Réciproquement, dans le cas de l’abaissement à 110 km/h, elle montre de quelle somme il faudrait les dédommager pour qu’ils acceptent de perdre du temps. Ces arbitrages temps-ressources matérielles sont considérés comme des données invariantes, liées à la psychologie des individus ; il s’agit de valeurs tutélaires.


Elles alimentent une logique désormais « classique » qui consiste à partir de prétendus « besoins » – gagner du temps –, et à en déduire…

EXTRAIT

Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons,
milite pour des mobilités douces et durables