Europa Vallée : artificialisation et approche tronqué de l’environnement, c’est non !

GCO non merci est co-signataire d’une tribune avec le Chaudron des Alternatives pour dénoncer les conséquences du projet « Europa Vallée » souhaité par l’entreprise Europa Park sur le modèle d’un « Center Park » qui menace 150 à 250 hectares de terres agricoles dans le Ried, en centre Alsace, entre Rhinau, Diebolsheim et Sundhouse.
Aux conséquences, Alsace Nature s’inquiète également d’une tendance sur la vision politique de certains élus en matière de « développement » de leur territoire.

« Europa Vallée est le nom d’un projet de complexe hôtelier souhaité par l’entreprise Europa Park sur le modèle d’un « Center Park ».

Opacité contre protection de la nature

Europa Valley est le nom d’un projet de complexe hôtelier souhaité par l’entreprise Europa Park sur le modèle d’un « Center Park ». L’emprise du projet évoquée par l’entreprise allemande serait de 150 à 250 ha entre les communes de Sundhouse et Diebolsheim. La commune de Rhinau serait dans une moindre mesure également impactée.

Europa Park avance sur ce projet avec la plus grande opacité. Depuis 2018, il est vaguement évoqué dans les conseils municipaux de Rhinau, Diebolsheim et Sundhouse. Mais ce n’est qu’en mars 2020 que des éléments ont été publiés dans la presse par Rue89 Strasbourg suite à la découverte d’une lettre de soutien sans retenue signé par l’ancien préfet et par des responsables de la région Grand Est et du département. Jean-Luc Marx, Frédéric Bierry et Jean Rottner y expriment leur plein enthousiasme face aux ambitions de l’entreprise allemande en France – quand bien même aucun projet n’aurait encore été présenté !

Nous rappelons que le patrimoine naturel du Ried rhénan est reconnu par de nombreux classements nationaux, européens et internationaux : Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique, réseau Natura 2000, Zone Humide Remarquable, site Ramsar qui valent aux zones humides du Rhin supérieur une reconnaissance internationale.

Il y a encore quarante ans, ces espaces étaient constitués de vastes prairies extensives où s’épanouissaient les Courlis cendrés, où fleurissait une mer bleue d’Iris de Sibérie – des espèces autrefois communes qui ont quasiment disparues du paysage alsacien. Nous savons que ces prairies peuvent être restaurées comme cela a déjà été fait et qu’elles peuvent ainsi retrouver leur biodiversité d’autrefois.

À Sundhouse et à Diebolsheim, les agriculteurs s’inquiètent de voir le projet « Europa Vallée » empiéter sur leurs terres (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc).

Trafic problématique

L’impact environnemental de ce projet serait accentué par le recours intégral au trafic routier pour y accéder, au vu de l’absence de tout transport en commun. La concentration des hébergements dénaturerait non seulement le site, mais saturerait tous les accès à la riveest du Rhin.

À cela s’ajoute le projet de téléphérique entre la France et le parc d’attraction en Allemagne. Sous le coup d’un moratoire de cinq ans prononcé en décembre 2018, le projet de téléphérique semble refaire surface. Le ministre-président du Bad Wurtemberg a récemment exprimé son enthousiasme pour ce mode de transport transfrontalier.

Cette structure accentuerait encore les difficultés liées au transport puisqu’elle attirerait une partie du trafic actuel en direction du parc. Visible d’une grande partie de la plaine en passant au-dessus de deux réserves naturelles (Taubergiessen et Ile de Rhinau), le téléphérique dénaturerait aussi le paysage rhénan et causerait une grave nuisance au déplacement des oiseaux, alors que le Rhin est un haut-lieu de passage pour la migration.

Nous dénonçons le manque de cohérence des actions publiques en ce qui concerne la préservation de notre environnement.

« Un autre avenir pour le Ried »

En Alsace c’est une véritable explosion de projets d’artificialisation des terres agricoles : Grand Contournement Ouest de Strasbourg dans le Kochersberg, les entrepôts Amazon à Ensisheim et Dambach-la-Ville (bien qu’en principe abandonnés), l’entrepôt Huawei dans l’Eurométropole, Europa Vallée dans le Ried, etc. Les terres agricoles et les milieux naturels alsaciens semblent aujourd’hui vendus au plus offrant.

Notre collectif pense qu’il existe un autre avenir pour le Ried de Rhinau – Diebolsheim – Sundhouse que d’être définitivement détruit au bénéfice d’Europa Park. Et pourquoi pas une autre étude cette-fois, de renaturation du Ried ?

Le chaudron des alternatives et ses premiers cosignataires :

Extinction Rébellion Strasbourg
Alternatiba Strasbourg
Les Amis de la terre France
Le collectif GCO Non Merci
L’association Nature Ried d’Erstein
L’association Le Ried Bleu
Serge Dumont, réalisateur du film « Le fleuve invisible »
Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) de Centre Alsace
L’association NARTECS (Nature Aménagement Réfléchi Territoire
Environnement Culture Sauvegardés)
L’association Les Amis de la Confédération Paysanne d’Alsace
L’association Nature et Vie
L’association Naturhena
Les Ecocitoyens d’Ebersheim
L’association Tieffenbach Environnement
Le collectif Réseau Urgence Climatique et Social Sud Alsace (RUCCSA)
Alternatiba Soultz
L’association Schillik Écologie
Le groupe local ATTAC Haut-Rhin
L’association « Réserve du Bischnoï »
Le Collectif Citoyen de Guebwiller
Le Collectif Agir pour le Pays de Sierentz (CAPS 68)
Le Pain de la Vigne à Sélestat


La menace de voir des terres agricoles disparaître dans un aménagement immobilier, couplé aux conséquences directes et indirectes sur l’environnement autour d’un périmètre au-delà de l’emprise même du projet, fait réagir Alsace Nature sur la vision politique de certains élus.

Avec Europa Vallée, la vision politique de l’environnement est tronquée

Suite au lancement d’une étude d’impact sur Europa Vallée, le maire et président de la communauté de communes de Marckolsheim, Frédéric Pfliegersdoerffer, revient sur ses ambitions et exigences pour le centre-Alsace dans un article publié par Rue89 Strasbourg le 30 novembre dernier. Cette interview a fait réagir Alsace Nature, membre fondateur de notre collectif, sur « un exemple criant de l’approche que réservent certains élus quand ils pensent « développement ». »

L’association cite : « L’approche avec les associations n’est pas portée par les communes et communautés de communes. Mais nos communes ont totalement intégré que ces questions environnementales vont être décisives dans l’aval donné au projet. »

Et voilà une nouvelle fois les projets sont présentés à tous les corps constitués, depuis 2 ans les élus, l’ADIRA, la chambre d’Agriculture, la SAFER travaillent à positionner leurs doléances et les associations de protection de la nature sont laissées sur la touche.

Quand demain les citoyens exigeront des explications pour faire valoir les enjeux de changements climatiques et de la sauvegarde de la biodiversité, les mêmes nous traiteront d’extrémistes.

L’association questionne et interpelle le président de la région Grand-Est, du Département du Bas-Rhin et la préfète de la région Grand-Est et du Bas-Rhin.

Que veut dire un tel processus décisionnaire sur des secteurs aussi importants que les forêts rhénanes et les prairies du Ried ? Jean Rottner, Frédéric Bierry, Préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin est ce cette gouvernance que vous souhaitez porter ? De quoi les élus locaux ont peur en mettant nos associations fédérées dans le tour de table ? N’est ce pas déjà un aveux que ce projet est mauvais pour la transition écologique que de tenter de maintenir à l’écart le citoyens ?

A l’heure où les citoyens ont d’ores et déjà manifesté leurs craintes quel est le sens de les tenir à l’écart de ce « projet structurant » ?


GCO, liaison GCO-Entzheim, Europa Vallée, Amazon… où est la cohérence de l’Etat et de certains élus vis-à-vis des enjeux climatiques ?

Une fois encore, il y a les discours d’intention en faveur de l’environnement, de l’impérieuse nécessité de faire face aux enjeux climatiques et de l’autre, la cruelle réalité du terrain.

L’artificialisation de l’Alsace est un problème. Quand est-ce qu’on s’arrête ? Quand est-ce que les décideurs politiques vont-ils prendre la mesure du désastre vers lequel nous allons ? Il ne s’agit pas d’être contre tout et stopper tous les aménagements et projets à venir. Notre voeu est d’avoir plus de cohérences et surtout, de faire respecter la loi en matière de compensation environnementale, dès lors un projet ne peut pas éviter la destruction d’espace naturel, dans un processus où son utilité est démontrée.