Le fret ferroviaire : un pari sur la route
C’est une goutte d’eau dans l’univers du transport de marchandises, mais c’est tout de même des camions en moins sur la route. Le fret ferroviaire doit prendre la place du transport par route là où c’est réalisable, en particulier sur les longues distances.
C'est une goutte d'eau dans l'univers du #transport de marchandises, mais c'est tout de même des camions en moins sur la route. Avec une réelle volonté, organiser un #transfert #modal de la route vers le rail, entre un point a et un point b, est possible.https://t.co/6dZc8ZjKCl
— Bruno Dalpra (@brunodalpra67) November 7, 2024
Dans le contexte tendu du transport routier [1], où tout est fait pour maintenir une activité qui a des conséquences comme l’usure des chaussées ou la pollution, organiser un transfert modal de la route vers le rail, entre un point A et un point B, est possible. Plusieurs initiatives l’attestent. C’est une goutte d’eau dans l’univers du transport de marchandises, mais c’est tout de même des camions en moins sur la route.
Les Carrières de l’Ouest : un exemple
Situées à Voutré en Mayenne, les Carrières de l’Ouest ont décidé d’acheminer granulat et sable pour les clients franciliens via le chemin de fer et son commissionnaire de transport, Cinérites. Avec cinq trains par semaine, la nouvelle liaison de fret ferroviaire va éliminer 9 400 camions des routes chaque année. Le port de Bonneuil-sur-Marne, une plate-forme multimodale équipée d’un terminal ferroviaire [2], a été sélectionné en raison de sa centralité et de sa bonne desserte. Ainsi, en acheminant de la pierre depuis une carrière de la Mayenne, puis des déblais du chantier, issus notamment du Grand Paris Express, apporte 300 000 tonnes de fret ferroviaire au port par an.
Bonneuil-sur-Marne, le 4 octobre. La nouvelle liaison de fret ferroviaire entre la carrière de Voutré, en Mayenne, et le port permet de vider et de remplir les convois à l’aller comme au retour. Cinérites. © 2024 LE PARISIEN
Le port autonome de Strasbourg : le rail en plus du fluviale
Le Port autonome de Strasbourg (PAS) est propriétaire de son propre réseau ferroviaire interne, dont le maillage entre les entreprises représente 105 km.
Le PAS, deuxième port fluvial français après celui de Paris, a annoncé le 4 septembre le lancement d’un projet de création d’un nouveau terminal ferroviaire, avec l’ambition de doubler la quantité de marchandises transportées par rail. Lors d’une conférence de presse, la directrice général du port, Claire Merlin, a expliqué que les études d’avant-projet étaient terminées. Ainsi, les travaux vont débuter. Une « première phase de mise en exploitation » est attendue en 2026-2027, avant une « montée en puissance progressive ».
Le nouveau terminal (70 millions d’euros) fait partie d’un plan d’investissement de 200 millions d’euros sur 10 ans. Près de 25 millions d’euros seront consacrés au développement des infrastructures du terminal de Lauterbourg, à l’extrême nord-est de l’Alsace, et 5 millions d’euros seront investis sur la gare fluviale. Le port dispose déjà de deux autres terminaux multimodaux (transport fluvial, ferroviaire et routier) à Strasbourg-Nord et à Lauterbourg. Il a réalisé un chiffre d’affaires de 31 millions d’euros en 2023.
– source AFP via banquedesterritoires.fr
La gare de Port du Rhin une des plus importantes gares marchandises du Grand Est, totalisant chaque année 1,35 million de tonnes de produits divers. © PAS
L’Eurométropole pourrait mieux faire.
Dans le détail, nous ne connaissons pas ici l’impact positif du report modal de la route vers le rail. Si nous soutenons l’idée d’une intermodalité dans le transport des marchandises, sur le plan local, dans la traversée de Strasbourg, les acteurs économiques pourraient aller plus loin.
Au regard du nombre de poids lourds qui continuent de circuler dans l’Eurométropole (estimé à plus de 14 000 par jour/semaine en 2023 contre 16 000 en 2019) et ce, malgré un trafic de transit orienté vers l’A355 (estimé à près de 7 000 PL avec une hausse de 5 000 par rapport à 2019) [3], on peut s’interroger : ne pourrait-on pas aller plus loin dans le report modal de la route vers le rail en utilisant les infrastructures existantes du port autonome de Strasbourg ? Il y a certes des initiatives avec l’utilisation de l’Ill pour l’acheminement de marchandises dans le centre de Strasbourg, par exemple. En revanche, dans les objectifs du PAS, s’il est évoqué le « développement économique » du port, celui de retirer des camions de la route dont la destination est l’Eurométropole est flou.
Le fret ferroviaire : un pari sur la route
Sur le plan local, et plus généralement sur le territoire, le fret ferroviaire manque cruellement de soutien politique face aux lobbies du transport routier. S’il y a des initiatives, elles restent encore une goutte d’eau dans le monde du transport des marchandises. Pourtant, le potentiel existe. Nous l’encourageons.
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Le collectif GCO NON MERCI dans ses 10 solutions pour faire sauter les bouchons, milite pour des mobilités douces et durables –
— NOTE(S) —
- Le transport routier tire la sonnette d’alarme sur ses difficultés. / note1 ↩︎
- Le port de Bonneuil-sur-Marne est le deuxième port fluvial d’Ile-de-France avec ses 186 hectares et plus de 150 entreprises. / note2 ↩︎
- Augmentation du nombre du poids lourds (PL) transformant l’axe rhénan au passage de Strasbourg en couloir à camions. Le trafic de transit est estimé au tiers du nombre de camions au passage de Strasbourg. S’il est de 6 206 sur le GCO et représente 90 % du trafic en transit, son total cumulé (M35 + A355) est de 20 687 camions, soit un trafic relativement équivalent à celui de 2022, mais qui représente tout de même une hausse de près de 5 000 PL par rapport à la seule M35 en 2019 (16 000 PL) – « GCO : Derrière l’embellie de façade que présente Vinci de son autoroute, la réalité est moins jolie. » / note3 ↩︎