VLIO : Alsace Nature expose ses observations

Le sentiment d’abandon qu’évoquent des habitants des communes concernées, dans le bras de fer engagé par les maires de Wolfisheim et Eckbolsheim, impute la faute aux écologistes. Seulement, pour connaitre bien le dossier au travers de notre lutte, en réalité, les vrais responsables sont à la Région et au Département avec un secteur laissé à l’abandon dans leurs pseudo-stratégies de déplacement, orientés presque depuis trois décennies à imposer le GCO comme solution.
Aujourd’hui, personne ne nie qu’il n’y ait pas de problème. Seulement, construire un énième barreau routier n’est certainement pas la solution qui fasse mettre en oeuvre par rapport à un projet pensé au siècle dernier vis-à-vis des tendances d’aujourd’hui.
La colère est légitime et je regrette que les collectivités aient pris 20 ans de retard. D’ailleurs, nous sommes nombreux à rechercher un schéma directeur des déplacements en Alsace. Comment peut-on réfléchir aux bonnes solutions en matière de déplacement quand les collectivités, autour du préfet, n’ont aucune perspective sur le trafic routier. C’est là aussi, un gros souci qui pèse sur les épaules de la préfecture de l’absence d’un schéma directeur sur les déplacements (transports de marchandises, moyens de transport de voyageurs, flux routier des VL, utilitaires, …) et qui cordonne les compétences des différentes collectivités.

Bruno Dalpra, membre de GCO NON MERCI

DNA – La Ville en débat

À l’inverse de la manifestation des militants pro-VLIO qui a eu lieu à la mi-octobre (photo DNA /Franck KOBI), Alsace Nature considère ce projet comme « daté et inadapté ».

Dans le cadre du débat en cours autour du projet de VLIO, Alsace Nature souhaite faire part de ses observations

Dans le cadre du projet de VLIO,
Alsace Nature expose ses observations :

Le projet de Voie de liaison intercommunale Ouest (VLIO) se présente comme une réponse unique à un questionnement complexe et évolutif. Personne ne nie qu’il y a un problème de saturation de certains axes de circulation pendant des périodes limitées et de nuisances pour les riverains, ni que des solutions doivent être trouvées.

Mais avant de s’engager dans une réponse ancienne , il s’agirait d’objectiver et de comprendre les besoins et pratiques réelles en termes de mobilités, ainsi que leurs enjeux, afin de pouvoir concevoir des réponses adaptées et inscrites dans un contexte en évolution.

Tout d’abord, les études justifiant le projet ont été faites dans un contexte qui a évolué depuis (pandémie, options politiques…) : par conséquent les prévisions de trafic prises en compte dans les études initiales méritent aujourd’hui d’être réinterrogées.

Par ailleurs, et plus important, divers dossiers de mobilité alternative sont annoncés :

Enfin, la crise sanitaire a été l’occasion de développer massivement l’usage du télétravail. La pérennisation au moins partielle de ce fonctionnement permettra de réduire la mobilité et donc la congestion et les émissions de CO 2 (Étude ADEME de juin 2020).

La question n’est pas simplement d’absorber le trafic en créant une nouvelle route car il est apparu à de nombreuses reprises, et notamment dans les zones denses, qu’une nouvelle route générait aussi un nouveau trafic. Alors que l’amélioration significative de l’offre en transports « doux » favorise le transfert vers ces modes.

Ainsi, dans une logique purement routière, la VLIO pose un certain nombre de questions :

  • elle sera un barreau reliant le nord au sud de l’agglomération strasbourgeoise (Schiltigheim – Illkirch par exemple), rôle que tient aujourd’hui la M35. Plutôt que de simplement répartir le trafic existant localement, elle risquerait d’attirer un trafic nouveau lié à l’aménagement de la M35 ;
  • comme le GCO n’assurera pas ce barreau nord-sud (péage, détour), la VLIO risquerait aussi de tenter un certain nombre d’usagers qui voudront éviter le péage.

En résumé, sur la VLIO, comme d’ailleurs sur la M35, la régulation du trafic se fera par la saturation – et du coup la VLIO remplira mal son rôle de désengorgement des rues principales des villages de la deuxième couronne, ce qui montre bien l’incohérence des logiques purement routières.

L’enjeu pour Alsace Nature est donc, sur la base d’une connaissance fine des motifs et circuits de déplacement sur le secteur concerné, de développer significativement les offres alternatives à la voiture, dont notamment les plans de déplacement dans les entreprises, les voies cyclables et leurs accessoires, le covoiturage…

Le plan général de la VLIO tel qu’envisagé en 2018. Photo DNA

Un impact trop important sur les milieux naturels

Par ailleurs, le tracé prévisionnel impacterait de nombreuses zones humides, voire inondables classées, ainsi que le Ried de la Bruche dans sa partie basse.

La route passerait à proximité directe d’un des méandres les plus actifs de la Bruche (Korngrutt) et à moins de 300 m d’un site du Conservatoire des Sites Alsaciens : le Brischaltarm (ancien bras mort de la rivière encore en eau et véritable refuge pour la faune aquatique).
Par ailleurs, le tracé impacterait les espaces forestiers et les prairies mésohygrophiles remarquables entre Eckbolsheim et Wolfisheim, habitat d’espèces animales et végétales remarquables (agrion de Mercure, couleuvre helvétique, lézard des murailles, pulicaire vulgaire, cerfeuil bulbeux, isnardie des marais, léersie faux riz, erysimum fausse giroflée, pesse d’eau…).

À l’heure où de plus en plus de communes de l’EMS se lancent dans la reconquête des corridors écologiques, il serait pour le moins paradoxal de prévoir un projet qui mettrait ainsi à mal des éléments de trame verte et bleue encore existants. »