[Presse] Jean Klotz : Le GCO ou NDDL « donnent à l’Etat l’impression d’agir « 

Capture DNA samedi 23 janvier 2015

Capture DNA samedi 23 janvier 2015

Dans une tribune publiée dans les DNA le samedi 23 janvier, l’ancien élu strasbourgeois, adjoint de Roland Ries et Catherine Trautmann jusqu’en 2001, Jean Klotz écrit :

« À propos du projet de Grand contournement ouest de Strasbourg et du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, deux aspects n’ont pas été évoqués ou l’ont été trop peu. Ce sont les modalités de financement et la notion d’autorité de l’État.

Les modalités de financement tout d’abord. De plus en plus, les grands projets d’infrastructure de l’État sont confiés par lui à des opérateurs privés. Un mécanisme tacite et pervers de transfert de charge.

C’est le cas pour le GCO comme pour Notre-Dame-des-Landes. Cela permet à l’État de donner l’impression d’agir sans augmenter son taux d’endettement. Mais il s’agit d’un artifice. Il faudra bien que l’investissement soit payé d’une manière ou d’une autre, par un péage, une redevance, voire des contributions des collectivités locales. Et à l’investissement s’ajouteront les intérêts et surtout la rente de l’investisseur privé. Il y a là un mécanisme tacite et pervers de transfert de charge qui masque le désinvestissement de l’État et gonfle, néanmoins, même si c’est d’une manière dissimulée, la bulle de l’endettement national, public et privé confondus.

Où était l’autorité de l’État quand la taxe poids lourds a été abandonnée ?

L’affirmation de l’autorité de l’État a été évoquée par le Premier ministre comme argument en faveur de la réalisation du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Cette autorité a été fâcheusement mise à mal quand l’État a renoncé à la taxe poids lourds. La décision de créer ce système de péage routier avait pourtant recueilli sinon l’unanimité du moins une très large majorité, de droite comme de gauche, lors de son passage au Parlement. Une jacquerie locale hétérogène a suffi à la faire jeter aux oubliettes pour tout le territoire national. La Bretagne est en France, certes, mais la conjugaison d’intérêts corporatifs locaux ne représente pas forcément ceux de toute la France.

L’État, s’il veut renforcer ou simplement maintenir son autorité en matière de grands équipements d’infrastructure doit faire preuve de plus de discernement. La déclaration d’utilité publique d’un projet n’est pas forcément gage d’intérêt général et il convient de choisir à bon escient entre entêtement à réaliser un projet ou renoncement à le faire.

GCO : des réponses qui ont plus de 40 ans d’âge

Dans les cas du GCO et de l’aéroport, les pouvoirs publics veulent apporter à des questions d’aujourd’hui des réponses techniques qui ont plus de 40 ans d’âge. Il est encore temps d’abandonner ces deux projets et de réfléchir calmement à de véritables réponses aux questions posées.

Maintenant que les élections régionales sont passées, il conviendrait aussi de remettre sur la table le dossier du péage routier poids lourds. Il devrait permettre, comme cela était initialement prévu, de financer les moyens de déplacement économes dont la France, ses régions et ses agglomérations ont besoin.

Économes, cela veut dire, entre autres, moins consommateur de terrain, d’énergie et de capitaux. Ces moyens de déplacement ne sont pas forcément, comme dans les années 60, de nouveaux aéroports, de nouvelles autoroutes ou même de nouvelles lignes de train à grande vitesse…. »