[REVUE DE PRESSE] Les « pasteurs anti-GCO »

Dans les DNA du mercredi 14 mars, le quotidien régional revient sur l’engagement particulier de plusieurs pasteurs dans la lutte anti-GCO. Un très bel article qui témoigne d’un aspect chrétien d’une lutte qui n’a pas encore écrit son épilogue.
C’est un aspect insolite du feuilleton du GCO : plusieurs pasteurs protestants se sont engagés contre cette infrastructure. Lundi, l’association des pasteurs d’Alsace et de Lorraine (APAL) en a pris argument pour réfléchir à la prise de parole du pasteur dans l’espace public.
« Messieurs de la prêtrise, occupez-vous de vos oignons ! » Cette petite phrase a été prononcée en 1973 : l’amiral Marc de Joybert, chef d’état-major de la Marine, répondait sur Antenne 2 à l’appel de plusieurs évêques, dont Mgr Guy Riobé (Orléans), contre la force nucléaire française. L’amiral plaidait que ces « personnages mitrés » avaient dit « des âneries ».

Ces « oignons » sont, depuis, devenus le symbole d’un débat cyclique : des cadres religieux peuvent-ils, au nom de leur foi, dire une parole (critique) dans l’espace public ?

Cette question a été débattue lundi au sein de l’APAL à Neuwiller-lès-Saverne. L’actualité : la prise de position de huit pasteurs de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) contre le Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO) (voir notamment leur courrier dans les DNA du 10 mars).

C’est parce que ce GCO est le symbole d’« une vision du monde passéiste et incohérente », a plaidé Anne-Sophie Hahn (Pfulgriesheim), qu’elle a accepté de prendre la parole lors de l’inauguration d’une cabane anti-GCO. « Pas au nom de l’Église, mais avec ma casquette de pasteure et mes convictions chrétiennes ». Première étincelle d’un engagement qui en mobilisera d’autres. « Moi, j’ai été sollicitée », explique Caroline Ingrand-Hoffet (Kolbsheim), « comme chaque année je célèbre un culte de la Création, je suis passée de la théorie à la pratique… »

« Ne risquez-vous pas de ne plus être le pasteur de tous ? » demande un collègue. « Mais alors on ne s’engagerait plus sur rien… » rétorque un autre. Autre risque : un retour médiatique parfois à l’emporte-pièce : une télévision n’a-t-elle pas parlé de « messe anti-GCO » pour le culte pour la Création célébré à Vendenheim mi-septembre ?

Jean-Louis Hoffet, ancien pasteur et élu (adjoint au maire à Mulhouse, conseiller régional d’Alsace), a plaidé plus largement pour l’engagement électif des pasteurs. « Il y a des gens qui me disent : “Enfin l’Église s’occupe de vrais problèmes de notre société !” », a témoigné Caroline Ingrand-Hoffet. De même qu’elle a raconté le « chemin fait ensemble » avec les zadistes opposés au GCO : « À la dernière réunion, l’un d’eux m’a demandé : Et alors, à Pâques, on fait quoi ? »

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