« M’accrocher sous un camion n’est pas ma vocation »

Quand l’Etat s’assoit sur ses propres dispositifs,
que reste-t-il aux citoyens ?

Il est un peu plus de 11h, après plus de deux heures de procédure, les deux militants anti-GCO sortent du tribunal de grande instance de Strasbourg entourés par d’autres présents dans la salle et à l’extérieur. Le matin, dès 7h30, plus d’une centaine de personnes s’étaient retrouvées autour d’un p’ti déj-soutien.

Des réquisitions sévères :

• 2 mois de prison avec sursis,
• 8 000 euros d’amendes et indemnisations pour l’un
• 9 000 euros pour l’autre
• Mise à l’épreuve,
• Interdiction d’être sur les communes liées au GCO, voir interdiction d’être sur le Bas-Rhin,

Le verdict du tribunal sera rendu mercredi 23 mai à 8h30. Nous serons là !



« M’accrocher sous un camion n’est pas ma vocation »

Retrouvez ci-dessous le texte lu par Martin devant le tribunal, lundi 14 mai 2018. Un texte simple, profond, d’un jeune homme amoureux de la nature, embarquer dans une contestation où le rôle moral d’un pays dit « démocratique » s’efface au profit des multinationales, ici Vinci, dont l’intérêt de son PDG, Xavier Huillard, n’est certainement pas l’intérêt général.

Je me décrirais comme un amoureux de l’Alsace, un amoureux des broussailles et de la petite faune sauvage. Je tente à travers mes spectacles ou mon activité d’animateur nature de partager cette sensibilité.

Je ne peux que constater que la nature a en Alsace bien peu de place pour s’exprimer.

Ici, comme ailleurs, la biodiversité s’effondre, les populations d’oiseaux déclinent dramatiquement, leurs habitats se réduisent comme peau de chagrin et sont de plus en plus fractionnés.

La France est une nation dont l’empreinte écologique est quatre fois supérieure à un niveau soutenable, à un niveau équitable.

Un des objectifs fixé par le grenelle est la diminution par quatre de nos émissions de carbone.
Aujourd’hui, parier sur le tout routier et sur le transport international de poids lourds est absurde. En ce sens, le GCO apparaît comme un projet incohérent opposé à l’intérêt général.

Aimer la nature, c’est souffrir disait Jacques Rime.

Mais devons-nous nous résoudre à être les témoins passifs du sac d’une forêt, du viol d’une colline et de son vieux verger, comme nous l’avons été lors du saccage du verger de Breuschwickersheim et de la prairie riedesse d’Ernolsheim-sur-Bruche dans le cadre de travaux préparatoires ?

L’Etat a choisi de s’asseoir sur les avis négatifs du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) et sur le rapport accablant de l’Autorité environnementale (Ae), qui relève entre autre une évaluation de l’impact sur les espèces protégés bien insuffisante.

Et si l’Etat annonce qu’il donnera son feu vert au projet avant même qu’ait eu lieu l’enquête publique sur l’environnement censée prendre en compte l’avis de la population…

Alors que reste-t-il aux citoyens pour défendre le bon sens et faire entendre leur opposition ?

M’accrocher sous un camion n’est pas ma vocation

Martin,

Justice !

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