GCO : les conséquences de l’usage de l’eau sur les chantiers.

Un habitant de Berstett a eu la désagréable surprise de découvrir son étang à sec, entraînant la mort d’une centaine de poissons (DNA du 26/07/2020). Ces étangs se trouvent à la sortie de Berstett vers Pfettisheim, petit chemin à droite. Le journaliste ne s’est pas posé la question. Ils ont les yeux pleins d’étoiles à la vue de ces énormes engins, nuages de poussière, poussage du pont, etc. Le propriétaire, quant à lui, commence à se la poser. De leur côté, une fois de plus, le maire de Berstett, la DREAL ou encore la préfecture, prennent la défense de Vinci en sortant des contre-feux : impensable que les travaux du GCO puissent être responsable de cette catastrophe !

Seulement, sur le terrain, les habitants proches des chantiers, constatent les conséquences du manque d’eau sur les écosystèmes. Exemple observé des dégâts à Vendenheim : « allez voir le Muelbaechel au parking du rond-point en venant de Berstett. L’eau stagne. Et si vous marchez 100m, il y a un parc avec des grilles orange et sur le pont de ce parc, on voit qu’il n’y a quasi plus d’eau qui arrive », explique la vigie citoyenne qui nous remonte l’information… et de s’interroger « si là aussi la DREAL peut prétendre que les travaux de Vinci, 200m plus loin, n’ont aucun impact. Encore une fois, qu’ils commencent à réduire la vitesse des engins. Même les voitures et camionnettes se croient au Paris Dakar sur cette piste. »

Point de pompage d’eau – canal de la Marne au Rhin – Vendenheim / chantier GCO

RELEVÉ SUR UN POINT DE CAPTAGE POUR EXEMPLE : PLUS DE 6 MILLIONS DE LITRES D’EAU SUR 9 MOIS !

Après une longue pause et avec l’alerte sécheresse déclarée le 23 juillet dans le Bas-Rhin, il était normal de reprendre la surveillance des agissements de Vinci et Co…
Concernant cette sécheresse que tout le monde constate autour de soi, notons les commentaires :

  • France3 du 11/7/20 : Néjib Amara, de la direction départementale des territoires à la Préfecture du Bas-Rhin explique même que la nappe phréatique a atteint le niveau le plus bas pour la période depuis que les relevés existent (1949) : dans certaines zones, comme Haguenau, il manque de 60 centimètres à un mètre d’eau.
  • France3 du 23/7/20 : Le niveau de la nappe phréatique d’Alsace est ainsi inférieur à celui de 2019 et plusieurs cours d’eau, aux niveaux très liés à celui de la nappe phréatique d’Alsace, présentent un assec. La situation au 1er juillet de la nappe phréatique alsacienne était déjà critique (…)

Rappel du dernier relevé : samedi 19/10/2019 : 1493
Nouveau relevé : samedi 25/7/2020 : 2132

2132 – 1493 = 639 – soit pour cette période de 9 mois : 639 x 10* = 6390 m³, soit 6 390 000 litres juste à ce point de pompage… et nous sommes quasi sur le même volume moyen sur 3 mois (6390/3 = 2130 m³) que les 3 mois de mesure de la période de 2019, soit du 28/7 au 19/10/2019 qui était de 2800 m³, ce qui montre que vu le manque de pluie depuis un an, ils ont été obligés d’arroser massivement très tôt. Notre vigie ajoute : « à surveiller aussi le fait que, comme déjà signalé, en limitant peut-être – à voir – l’arrosage des pistes pour éviter les poussières et se conformer aux restrictions, les camions et les tracteurs Vinci risquent d’emprunter les routes… »

*pour avoir la correspondance en m³ il faut multiplier par 10, selon l’info du compteur.

Ci-joint des graphiques sur les stations les plus proches du GCO, Reichstett, Lampertheim et Altorf montrant un déficit chronique et déjà critique maintenant de la nappe phréatique, car même en-dessous des niveaux relevés il y a un an à la même période, sauf Altorf peut-être, et les apports ponctuels ne permettent pas sur la durée de rétablir une situation normale, voir les graphiques où les valeurs moyennes ne sont plus atteintes que sur 1-2 mois…



Ne pas oublier aussi que la nappe phréatique réalise en permanence des échanges avec les eaux de surface. Son niveau fluctue en fonction des précipitations et des échanges réalisés avec le réseau hydrographique. Celui-ci fournit directement ou indirectement à la nappe phréatique d’Alsace jusqu’aux deux tiers de son alimentation -> sud de la région. À l’inverse, dans d’autres secteurs, c’est la nappe qui réalimente les cours d’eau (cours d’eau phréatiques) -> nappes alluviales d’accompagnement des cours d’eau : Doller, Bruche, Ill, Largue… d’où le lit de la Bruche particulièrement bas.

CONSOMMATION D’EAU MOYENNE PAR HABITANT : 148 LITRES !

« Certains effets du réchauffement sont déjà observables. La baisse des précipitations d’eau de pluie entraîne une diminution des réserves d’eau, cumulée avec des périodes plus chaudes et plus longues, les conséquences sur les populations touchent des territoires jusqu’ici relativement épargnés. C’est le cas de la France et notamment celui du Bas-Rhin. Pour faire face à la pénurie probable de l’eau, des mesures de restrictions sont mises en place. C’est le cas pour le Département depuis le 23 juillet, une situation déjà évoquée le printemps dernier et qui se répète comme en 2019. Or, entre professionnels et particuliers, tout le monde n’est pas sur un même niveau d’équité. » – expliquions-nous dans notre article du 26 juillet.

Concrètement, sur les chantiers du GCO, le gaspillage de l’eau est immense. Quand on sait que la consommation moyenne par habitant est de 148 litres d’eau par jour, constater que sur un point de pompage, Vinci utilise plus de 23 000 litres par jour et qu’il en existe plusieurs répartis sur les 24 km des travaux, où est la vertu que prétend défendre l’entreprise ? Pire, l’État permet cela alors que le législateur devrait réguler de manière plus stricte la consommation d’eau des professionnels, notamment là où son utilisation n’est pas primordiale. A la question des poussières que limite l’utilisation de cette eau, ou bien la préfecture fait stopper le chantier (décision logique à la situation critique) ou bien elle met des règles en place, parmi lesquelles, limiter la vitesse des engins (vitesse excessive observée sur les pistes du chantier, par des habitants).
Bien sûr, si le chantier n’avait pas démarré, nous n’aurions pas toutes ces problématiques. De rappeler que l’autorisation faite à Vinci de lancer les travaux en septembre 2018, s’est décidée contre sept avis défavorables (deux enquêtes publiques et cinq organismes d’État) et que nous attendons toujours le jugement sur le fond concernant l’autorisation unique environnementale.

23 000 litres d’eau par jour prélevés sur un point de pompage, quand on sait qu’il en existe plusieurs, en période de restriction due à la sécheresse, pourquoi ce sont les particuliers qui doivent se restreindre ? D’autant que le phénomène climatique de la baisse des précipitations nécessaires au renouvellement des réserves d’eau, risque de se répéter dans le contexte actuel. Au-delà de la question du gaspillage de l’eau sur les chantiers du GCO, les autorités doivent prendre la mesure du danger qui pèse sur l’eau, notamment l’eau potable et doivent restreindre plus drastiquement son utilisation par les professionnels.

Vinci, pour faire joli, a placé des panneaux pour indiquer que l’entreprise contribue à préserver l’environnement… sauf que c’est juste du greenwashing !

L’EFFORT DOIT ETRE COLLECTIF, MEME POUR VINCI !

Face à la sécheresse et la baisse des réserves d’eau dans le département, dans un souci d’effort collectif, au nom de quoi les entreprises comme Vinci bénéficieraient-elles d’un passe-droit ? Pourquoi la préfecture ne demande pas l’arrêt du chantier alors que la situation est critique ?
Si comme nous, cette situation ne vous semble pas normale, n’hésitez pas à interpeller votre maire, sur les communes impactées par le GCO et ou de vous adresser directement à la préfète du Bas-Rhin.