[TRIBUNE] GCO : et si on sortait des postures pour régler les problèmes concrets ?

Nous avons lu avec attention l’appel du 10 octobre dernier de 23 Maires de l’Eurométropole pour le GCO. Sur le constat, nous sommes d’accord, la situation d’engorgement aux heures de pointe et de pollution de l’agglomération doit trouver des réponses efficaces. Les 23 maires en indiquent un certain nombre : amélioration de l’offre en transports collectifs, « RER métropolitain », taxe régionale sur les poids lourds. Nous leur disons : « Chiche ! Qu’attendez-vous, faites-le, faisons le… »

Les 23 Maires reconnaissent que « le GCO ne suffira pas », mais qu’« il est une étape incontournable ». Encore faudrait-il avoir des arguments pour le démontrer ! Et là ils nous ressortent toujours et encore les prétendus effets de soulagement du trafic, de diminution de la pollution. C’est séduisant, tout le monde en rêve et signerait tout de suite pour le GCO si c’était avéré. Mais les chiffres sont têtus et toutes les études officielles ont montré que le soulagement de trafic et donc la diminution de la pollution dans l’agglomération strasbourgeoise ne seront pas au rendez-vous. A tel point que la Commission d’enquête publique avait conclu en 2007 que : « le désengorgement n’est ni l’enjeu ni l’objectif du GCO ». Et si nous y réfléchissons un peu, cette conclusion est logique. Aux heures de pointe, 90% des usagers souhaitent se rendre dans – ou sortir de – l’agglomération : pourquoi emprunteraient-ils un GCO payant si les axes gratuits sont fluides ?

Les vraies raisons du GCO et de transformer la plaine d’Alsace en couloir à camion…

A Ittenheim, l’échangeur du GCO amènera 14 000 véhicules par jour supplémentaires sur l’autoroute de Hautepierre. A Vendenheim, la modification de l’échangeur – sacrifiant au passage 10 hectares de forêt en plus – pénalisera les automobilistes de l’A4 qui veulent se rendre vers le nord de Strasbourg via l’A35, puisqu’ils devront sortir par une bretelle. Le risque est grand de voir les usagers, refusant de choisir entre un GCO payant qui les emmènera là où ils ne veulent pas aller et leurs axes habituels encore plus encombrés, se reporter massivement vers le réseau secondaire, augmentant ainsi le trafic dans les rues principales des communes périphériques, parmi lesquelles d’ailleurs celles de la plupart des Maires signataires.

L’argument économique ne tient pas davantage. Certes, une petite minorité d’entreprises et d’artisans pourront gagner un peu de temps en empruntant un contournement payant. Mais, comme l’a démontré le rapport TTK, ils n’échapperont pas aux bouchons en amont du GCO, par exemple ceux entre Brumath et Vendenheim. Mais dans l’Eurométropole, la situation sera encore pire : comment un artisan de Bischheim se rendra-t-il à la Meinau, par exemple, avec une A35 transformée en boulevard urbain ? Les accès à l’agglomération et à des pôles importants comme l’Espace Européen de l’Entreprise seront bien plus compliqués. Quant à l’argument de « donner du travail au BTP », ne vaut-il pas mieux réaliser en priorité les projets de mobilité cohérents avec les enjeux actuels – climatiques, sanitaires et améliorant la circulation – plutôt qu’un projet dont les 23 Maires reconnaissent qu’il date des années 1970 ?

Notre Collectif est prêt à se mobiliser avec tous pour la mise en place des bonnes solutions de mobilité
Notre Collectif est prêt à se mobiliser avec tous pour la mise en place des bonnes solutions de mobilité, sans en écarter aucune par principe et si son utilité dans un plan d’ensemble est avérée. Mais nous ne pouvons pas accepter qu’on réalise un GCO qui aura comme principal effet de transformer l’Alsace en couloir à camions, alors même que l’écotaxe promise depuis plus de 10 ans n’est toujours pas en place. Le GCO est une tentative de transférer les poids lourds en transit vers d’autres territoires, sacrifiant au passage 300 hectares de terres fertiles, alors que l’écotaxe permettrait de réduire cette nuisance pour tous.

L’écotaxe est exigée par la grande majorité des Alsaciens, alors que le GCO nous enferme dans des oppositions stériles. Commençons donc par ce qui fait consensus et regardons ensuite s’il faut des équipements complémentaires. C’est là le sens de notre combat – et de notre devoir – depuis près de 15 ans et nous ne renoncerons pas.

Le Collectif GCO NON MERCI,
élus, agriculteurs, associations d’usagers des transports et de protection de l’environnement, citoyens, unis pour des mobilités cohérentes et efficaces