Un débat pour quoi… pour qui ?

Robert Herrmann, président de l’Eurométropole Strasbourg, agacé par l’opposition que nous développons notamment sur la pertinence à vouloir un contournement Ouest de Strasbourg, voulait un débat. Le conseil de l’Eurométropole lui a offert cette opportunité. Il s’est réunit en séance exceptionnelle mardi 28 novembre 2017 en huit clos filmé pour débattre.

    voir la séance exceptionnelle du conseil de l’Eurométropole Strasbourg ici :

Le débat s’est recentré sur les questions de santé publique… ou comment noyer le poisson et faire croire que, alors que le GCO reste une mauvaise réponse à de vrais problèmes !

NOUS AVONS CHERCHE LE DEBAT !

D’entrée de séance, la question de savoir si le projet était bon ou pas a été rapidement tranchée : pour Robert Herrmann, la discussion sur le fond n’était pas « pour ou contre le GCO ». Si débat il y a eu, il s’est surtout cantonné sur les questions de santé publique et où on notera la très bonne intervention du docteur Françoise Schaetzel – conseillère municipale et conseillère de l’Eurométropole déléguée « au suivi de la qualité de l’air ». Pour le reste, les échanges ont rapidement pris la forme d’un simple point d’étape entre les élus et les représentants de l’Etat.

ET LES UTILISATEURS DE L’A35 AU NIVEAU DE STRASBOURG DANS TOUT CA ?
ET LES STRASBOURGEOIS ?

Ils sont les dindons de la farce. Aujourd’hui, quasiment tous les élus reconnaissent que les problématiques d’encombrement de l’A35 traversant la capitale alsacienne ne se résoudront pas avec le GCO. Les élus favorables au contournement voient en lui un moyen de détourner le transit poids-lourds et donc – en sont-ils conscients ? – de favoriser l’axe nord-sud de Wissembourg à Belfort et de transformer l’Alsace en couloir à camions.

Le GCO ne fait pas sauter les bouchons. Ils en sont conscients et ne s’en cachent plus. De plus en plus, ils s’accordent à dire qu’il est important de revoir les modalités de déplacement et de favoriser notamment les transports en commun. Des alternatives que nous évoquons depuis des années. Si le GCO tel qu’il nous est présenté, ne fait pas sauter les bouchons, à quoi sert-il ? A améliorer les conditions de santé publique ? Il faut arrêter de raconter des mensonges : non, le contournement ne fera pas baisser la pollution de façon significative. Pire, elle devrait s’étaler encore plus.

Les utilisateurs de l’A35 sur Strasbourg,
comme les strasbourgeois, sont les dindons de la farce !

LE GCO VA-T-IL AMELIORER LA SANTE DES GENS ?

Ici, nous reprendrons les propos du docteur Françoise Schaetzel que nous avons cité plus haut :

En tant qu écologiste, mais aussi parce que je suis médecin, spécialiste de santé publique, la question qui m’intéresse est la suivante : le GCO va-t-il améliorer la santé des gens, autrement dit : seront-ils moins malades de la pollution atmosphérique parce qu’on aura fait le GCO ?
ATMO GE a publié récemment une étude dans laquelle elle compare à partir de différentes simulations, prenant par exemple en compte notre PDU, le développement de covoiturage etc , à horizon 2021 deux situations : 1ère situation : on ne fait pas de GCO, 2ème situation : on fait le GCO. Quels sont les résultats ?
1er élément : GCO ou pas GCO, cela ne change rien à la pollution de fond, celle qu’on respire jour après jour dans notre territoire, celle qui est la plus dangereuse pour notre santé, qui est cause d’infarctus, d’AVC, de pathologies respiratoires, de cancer, bref, celle qui nous fait mourir à petit feu : 8 mois de vie en moins pour les habitants de l’EMS
De façon plus fine, que se passe-t-il pour les gens habitant à proximité de ces routes ? ce sont d’ailleurs souvent des gens plus modestes. Il n’y a pas de différence avec ou sans GCO, c’est-à-dire que, selon les normes de l’UE, il n’y a plus de population exposée à la pollution atmosphérique en 2021: étonnant ! pourquoi ? bien sûr parce que les normes de l’UE sont hautes, beaucoup moins contraignantes que celles de l’OMS. Mais c’est aussi lié à l’évolution technologique des voitures qu’on peut espérer d’ici 2021. De plus la diminution de voitures n’est pas assez significative sur l’A35
On peut encore aller plus loin et regarder ce qui sort du pot d’échappement, élément intéressant notamment si l’on veut mieux coller aux valeurs guide de l’OMS : dans ce cas, une différence minimale (1 microgramme/m3) est observé. Surtout, fait à retenir : avec le GCO, un peu moins de polluants du coté de l’A35 il est vrai, mais un peu plus à proximité du GCO : tout compte fait on n’a fait que déplacer le problème.
Défendre le GCO sous prétexte qu’il va entrainer moins de dégâts sanitaires liés à la pollution apparait donc comme un mauvais argument. Je me permets d’ajouter que, lors du dernier colloque organisé par l’Eurodistrict il y a une quinzaine de jour, l’expérience de Fribourg a été présenté, ville qui a requalifié son autoroute urbaine il y a plusieurs années : conclusion : pas de modification sous l’angle de la pollution atmosphérique.

Je me permets donc de vous demander si vous avez des réponses à cette question : comment le GCO pourrait-il réduire l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique sur notre territoire ? »

UNE BATAILLE DE POSITION

Le débat au conseil de l’Eurométropole Strasbourg n’a pas été pour nous un réel débat puisque la question de fond, à savoir si le GCO est utile ou pas n’a pas été abordée. Aujourd’hui, nous sommes dans une bataille de position. Nous le regrettons, mais les faits parlent d’eux-mêmes : les élus favorables au projet restent convaincus d’avoir raison sans remettre en cause leur jugement quitte à s’enfermer dans leurs mensonges. Une posture politicienne où le rapport avec les lobbies ne sert pas l’intérêt général.

Nous ne prétendons pas détenir la stricte vérité, juste de dire et nous reprendrons les propos de Roland Ries : « LE GCO EST UNE MAUVAISE SOLUTION A UN VRAI PROBLEME ! »