GCO : Lettre ouverte à Monsieur Jean-Luc Marx, préfet du Bas-Rhin.

Lettre ouverte à Monsieur Jean-Luc Marx, préfet du Bas-Rhin.
Monsieur le Préfet,

Ce lundi 12 novembre vers 14 heures, les grévistes de la faim se sont retrouvés à proximité de votre hôtel particulier. Cette opération avait pour objectif d’exposer leurs corps aux objectifs des photographes, non pas pour satisfaire une envie d’exhibitionnisme, mais pour répondre à l’infamie des propos qui circulent depuis quelques jours sur le fait qu’ils ne feraient pas une «vraie» grève de la faim. Que ces propos soient tenus dans les commentaires de certains journaux ou sur les réseaux sociaux est déjà suffisamment inquiétant, mais, il semble bien que ces derniers aient été prononcés aussi par des haut-fonctionnaires ce qui rend cela totalement inadmissible.

Comme vous le savez lors de cet événement un des grévistes a fait un malaise et s’est effondré sur la place Broglie devant l’opéra. Or, interrogé par la presse vous avez réitéré les propos tenus plus tôt sur Twitter et qui tendent à laisser penser que vous auriez proposé, «lundi matin» aux grévistes de la faim une rencontre. Renseignement pris, personne n’a été destinataire d’une telle proposition. Pas plus les grévistes qu’Alsace Nature. Seule une réponse à un de nos post sur twitter à 12:53 ce jour disait «Jean-Luc Marx renouvelle sa proposition de recevoir les grévistes de la faim. #GCO».

Nous sommes choqués par de tel propos. Voici 23 jours que nos amis ne s’alimentent plus. Nous avons rencontré le secrétaire général de la préfecture, lors de notre entrevue avec Madame la Conseillère d’Emmanuel Macron, et jamais une telle invitation n’a été formulée. Il est toujours plus simple a posteriori de s’inventer une humanité. Permettez–nous de vous rappeler également, que ce que les grévistes de la faim demandent, ce n’est pas une entrevue de courtoisie, mais une réponse à leur demande de moratoire.

Nous sommes choqués par vos déclarations retranscrites dans Libération, où comme seule réponse à ce qui se passe vous déclarez « être en contact avec un médecin » et prévoir « d’envoyer le Samu si la situation devenait trop dangereuse ».
Monsieur le Préfet, depuis votre arrivée le 22 juin 2017, nous avons eu l’occasion de débattre avec vous à de nombreuses reprises, nous avons eu l’occasion de confronter nos points de vue mais jamais nous n’avons manifesté de mépris à votre égard. Les décisions que vous avez prises depuis notre dernière entrevue le 8 septembre dernier en marge de la marche pour le climat qui a réuni 5000 personnes à Strasbourg, sont totalement incompréhensibles. La manière dont vous avez laissé la situation se dégrader l’est tout autant et le silence qui est le vôtre, alors que depuis 23 jours des citoyens s’affament dans votre région, en dit long sur les intérêts défendus par l’Etat.

Pour ce qui est de nos camarades en grève de la faim, nous avons dès le départ, avec l’ensemble des collègues du Collectif GCO Non Merci, mis en œuvre les mesures nécessaires pour veiller à leur santé physique et psychique. Pour autant la grève de la faim est une épreuve violente pour les corps. Ils l’ont déclamé depuis le début à chacune de leurs apparitions publiques : « Nous sommes faibles dans nos corps mais forts dans nos têtes et notre détermination ». Saurez-vous entendre cela et éviter le pire ?

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de notre considération distinguée.

 

Daniel Reininger

Président d’Alsace Nature