[Tribune] 6 élus contre la démagogie anti-pollution de l’exécutif strasbourgeois

Le GCO anti-pollution ? Halte à la démagogie !

L’échéance se rapproche. Le contrat liant bientôt la multinationale Vinci à l’Etat français pour la construction du Grand contournement ouest de Strasbourg pourrait, si l’on en croit les oracles, être signé fin janvier 2016. Et un constat s’impose pour nous, opposants à cette autoroute inutile : les arguments pourtant nombreux contre l’infrastructure, autoroute à camions et à péage, ne portent plus. Impossible aujourd’hui de faire passer les multiples arguments rationnels contre ce projet vieux de 40 ans…

Pire, l’irrationnel a envahi la sphère publique. Nous avons été particulièrement choqués par la dernière intervention du maire de Strasbourg et vice-président de l’agglomération en charge des transports, Roland Ries, à l’occasion du conseil de l’Eurométropole du mois de décembre 2015. En réponse aux interventions de Jeanne Barseghian (EELV), Laurence Vaton (MODEM) et Pierre Schwartz (adjoint au maire de Vendenheim), Roland Ries s’est drapé dans un costume de défenseur des riverains de l’A35, 60 000 personnes subissant à haute dose la pollution automobile. Ce serait en prenant conscience de cette urgence sanitaire – que le maire compare parfois au scandale du sang contaminé (sic) – que Roland Ries aurait « changé d’avis » et validé le projet.

Or, d’après nous, l’argumentaire de l’édile relève de la plus pure démagogie. D’abord, le maire de Strasbourg sait parfaitement que même en interdisant le transit poids lourds (4% du trafic) sur l’A35 une fois le GCO mis en service, 140 000 véhicules circuleront toujours quotidiennement sur cet axe, bouchonné aux seules heures de pointe par des voitures rentrant, puis sortant de Strasbourg.

Combien de fois avons-nous martelé que ce contournement, payant !, serait complètement inutile pour ces usagers et contreproductif pour les déplacements dans le département ? Sans compter que l’A351 (autoroute de Hautepierre) sera encore plus congestionnée qu’aujourd’hui, puisque l’échangeur GCO-A351 déversera de nouveaux véhicules sur cette entrée de Strasbourg à partir de Ittenheim. Et que la transformation de l’A35 en boulevard urbain sera une source supplémentaire de pollution, avec des ralentissements et des démarrages successifs. Qui dit congestion, dit pollution. Mensonge donc.

Ensuite, Roland Ries connaît les conditions de rentabilité du GCO – 500 à 700 millions d’euros d’investissements que Vinci compte bien faire fructifier. Il n’ignore pas qu’outre la nécessité de maintenir l’A35 la plus inattractive (donc bouchonnée) possible, il faut un trafic nord-sud amplifié. Le GCO sera donc de surcroît une anti-taxe poids lourd : les autorités vont favoriser le trafic de transit pour faire rentrer de l’argent dans les caisses ! Et qui dit plus de trafic, dit plus de pollution. A Strasbourg toujours, et dans le Kochersberg. Mensonge encore.

Enfin, nos élus imaginent-ils que les habitants sont à ce point stupides pour ne pas comprendre que plus de routes engendreront plus de pollution, autour de Strasbourg et dans le bassin rhénan, cuvette dans laquelle l’air circule en circuit quasi-fermé ? Roland Ries nous referait-il le coup du nuage de Tchernobyl qui se serait arrêté à la frontière allemande ? Mensonge encore et toujours.

Enferrés dans les conséquences d’un retournement de veste électoraliste, les élus strasbourgeois, autrefois opposés à cette autoroute inutile, en sont réduits à se rallier à la position de leurs adversaires politiques. En agitant le drapeau de l’urgence sanitaire, le maire de Strasbourg ne trompe personne. A part, peut-être, lui-même.

Luc Huber, maire de Pfettisheim
Dany Karcher, maire de Kolbsheim
Philippe Pfrimmer, maire de Vendenheim
Jean-Charles Lambert, maire de Stuttzheim-Offenheim
Pierre Schwartz, adjoint au maire de Vendenheim et conseiller communautaire de l’Eurométropole
Laurence Vaton, conseillère municipale de Strasbourg et conseillère communautaire de l’Eurométropole
Daniel Reininger, président régional d’Alsace Nature

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