[REVUE DE PRESSE] « L’écotaxe enterrée » : il y a des alternatives aux camions

Dans un courrier adressé aux Dernières Nouvelles d’Alsace et paru dans l’édition du 26 novembre, le Dr Thierry Reeb, cardiologue, membre de Strasbourg Respire, explique sa tristesse de voir l’écotaxe enterrée : « nos responsables politiques et syndicaux n’ont pas pris la mesure de la gravité de la situation écologique que nous sommes en train de vivre » explique-t-il.
De notre côté, la décision est aussi mal perçue. Nous l’avons évoqué dans un article le 18 novembre dernier. De son côté, Alsace Nature, membre de notre collectif, l’a commenté dans un communiqué où elle déplore voir les transporteurs routiers faire la politique des transports.
Les conséquences du renoncement à l’écotaxe auront des répercussions, d’une part, sur le financement qu’aurait pu apporter cette taxe au transport collectif et/ou accompagnement à soutenir des initiatives permettant d’agir sur la question du trafic automobile, d’autre part, sur la problématique du transit camion que subit l’Alsace du fait la LWK Maut allemande. Elle était un moyen concret de réduire ce transit. Nous le déplorons une nouvelle fois !
Le Dr Thierry Reeb aborde la question sous un angle différent et confronte le modèle du transport de marchandises aux enjeux de santé publique. Il est dans son rôle en tant que médecin et sa position ne fait pas de lui un opposant déclaré au GCO. Il expose des faits et présente des alternatives au « tout camion », ce que nous disons aussi et nous conforte dans l’idée que le contournement Ouest de Strasbourg ne répond pas à la problématique des embouteillages générateurs de pollution puisque 86 à 91% des utilisateurs de l’actuelle A35 traversant Strasbourg continueront à le faire malgré un GCO, camion compris !
" « Quel autre mode de transport pourra remplacer les camions qui apportent des produits frais au supermarché ? » Pour M. Michel Chalot (ndlr : président de la Fédération nationale des transports routiers Alsace), cela ne peut-être que les poids lourds. C’est vraiment manquer d’imagination et n’avoir aucune notion des risques représentés par ce type de transport pour la santé publique et les transporteurs eux-mêmes.La pollution atmosphérique est le deuxième facteur de risque cardio-vasculaire dans le monde. Les chauffeurs routiers ont une surmortalité et surmorbidité cardio-vasculaire très importante, pour une grande part liée à l’inhalation permanente des microparticules émises par le diesel.
Alors oui il existe des alternatives et très simples. Mettons tous les poids lourds qui ont plus de 200 km à parcourir sur les trains. Ne faisons pas rentrer dans les métropoles les 40 tonnes mais organisons à leurs périphéries des gares marchandes. Le centre et l’hypercentre ne seront desservis que par des véhicules non polluants (tram, bus électrique, péniche électrique…)
M. Chalot estime que 4 centimes de plus sur le litre de gazole sont suffisants alors que la France est en dessous de la moyenne européenne avec par exemple un prix de 1,32 € en Italie. Ces prix faibles ne dissuadent malheureusement pas nos concitoyens ni d’acheter des véhicules au diesel (…) et n’incitent pas les constructeurs à évoluer dans leurs offres.
M. Chalot s’inquiète pour les entreprises françaises fragilisées. Mais la réalité est que ces entreprises n’ont pas été fragilisées par une écotaxe mais par un marché européen où les normes ne sont pas les mêmes et qui les fera disparaître progressivement dans les 20 ans.
Nous avons ainsi le choix pour le futur entre des entreprises de transports étrangères détaxées qui circuleront sur notre territoire (dont le GCO) et une organisation plus écologique du transport qui nécessitera un vrai courage politique. » "
– sans le « dont au GCO », tout est bon ! 😉
Source DNA, édition du 26/11/2016 – Point de vue –
photo chapeau : © 2013 Photo DNA – Michel frison