[communiqué de presse] Opacité autour du financement du GCO : Alsace Nature appelle à un vrai débat public

 

Alsace Nature a envoyé un communiqué à la presse ce lundi 7 mars 2016, dans lequel elle appelle à un vrai débat sur l’opportunité de réaliser ce projet vieux de 40 ans, et plus de transparence sur le financement du GCO. En voici le texte :

 

« Il y a un mois, l’Etat donnait à Vinci les clés de 300 hectares de terres agricoles dans le Kochersberg pour construire et exploiter pendant 54 ans une autoroute inutile. Dans ce contrat de concession, publié au Journal officiel et mis en ligne fin janvier 2016, ne figurait aucune information de nature a éclairer réellement les citoyens sur ce dossier. Péage, financement, emprises ou calendrier étaient renvoyés en annexes, inaccessibles sur internet.

Conformément à la mission qu’elle s’est donnée, Alsace Nature a fait une demande auprès de l’Etat pour se voir communiquées ces annexes. La fédération, qui rassemble 2000 adhérents directs et 130 associations, soit 35 000 personnes en Alsace, a pu constater, une fois les annexes reçues, que de larges pans en étaient « occultés pour les éléments couverts par le secret industriel et commercial », selon les mots du chef du département PPP Infrastructures et transports du ministère de l’Environnement.

Est-ce à dire que les citoyens ne doivent rien savoir des tripatouillages financiers entre Arcos, filiale de Vinci à laquelle l’Etat a accordé la concession, et Vinci Finance international, autre filiale de Vinci, financeur du groupe et basée en Belgique ? Est-ce à dire encore que les Alsaciens doivent ignorer que le fameux « tour de table financier », qui avait fait défaut au même géant du BTP en 2012, n’est toujours pas bouclé en 2016, alors que la concession est désormais accordée les yeux fermés par nos représentants ? Est-ce à dire enfin que les Bas-Rhinois vont rembourser, avec leurs péages, voire avec leurs impôts, plus de 600 millions d’euros injectés par les diverses filiales de Vinci, dont on ne sait d’où elles tirent l’argent, et ce pendant 54 ans, dans le seul but d’enrichir plus encore les actionnaires de cette multinationale ?

Oui, c’est ce que l’Etat souhaite ne pas ébruiter. En choisissant l’opacité de l’information pour le citoyen sur un marché public pourtant déjà attribué, l’Etat met le pouvoir aux mains d’entreprises privées dont l’objectif est l’affairisme et le profit et non pas l’intérêt collectif. Nous, associations qui nous battons pour la préservation de l’intégrité du territoire, pour sa résilience, à l’heure de la crise climatique, du pic pétrolier et de l’extinction massive des espèces sur la planète, nous dénonçons avec force l’opacité dont font preuve l’Etat et les élus locaux, complices de cette gabegie, en acceptant d’hypothéquer pour longtemps notre territoire au bénéfice d’une entreprise qui n’a, elle, aucun compte à rendre devant les citoyens.

Cette autoroute ne doit pas se faire. Nous ne laisserons pas l’Etat et les collectivités, désormais armés d’un bras destructeur, celui de Vinci, saccager la campagne strasbourgeoise sans réagir. Nous ne discuterons pas avec Vinci l’exécutant. Nous en appelons à un vrai débat public, à l’échelle de la nouvelle région, pour permettre aux citoyens de prendre la vraie mesure de l’impact environnemental de ce projet, qui s’inscrit à contre-courant de tous les engagements de la COP21 et qui n’a plus fait l’objet de la moindre consultation publique depuis 10 ans. »